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Histoire du Costa Rica : 1847 – 1902 Une Démocratie fragile

L’histoire politique de l’après-indépendance est vraiment très compliquée et instable. Coups d’états, dictatures, guerres, de nombreux dirigeants vont se succéder pendant ce demi-siècle d’histoire du Costa Rica en se servant d’une « démocratie » arrangée à leurs propres intérêts. Pourtant de nombreux évènements fondateurs de la nation vont se dérouler, comme l’abolition de la peine de mort ou la création d’une éducation gratuite pour tous.

1. Les débuts de la République :
2. La Dynastie des Mora Porras :
3. La Transition :
4. La Dictature au Costa Rica :
5. Une « Démocratie Familiale » :

1. Les débuts de la République :

José María Castro Madriz (fils de Manuel Fernández Chacón, troisième chef d’état du pays en 1835), intérimaire depuis 1847, est confirmé dans ses fonctions. Le 28 septembre 1848, son administration officialise le drapeau et l’écusson du Costa Rica. C’est également sous son autorité que le 15 septembre, jour de la fête nationale, devient férié. Le 31 décembre 1848, il déclare le Costa Rica libre et indépendant de toute autre nation. Le pays devient officiellement la République du Costa Rica.

Photo de José María Castro Madriz

José María Castro Madriz

Castro Madriz devient ainsi le premier président de la République, même si on lui avait déjà octroyé ce titre en août 1848.

Mais les circonstances n’étaient pas favorables. Le prix du café, en baisse constante, provoquait de graves difficultés économiques, et les ennemis de la république, notamment les militaires, étaient nombreux. La Constitution Réformée de 1848 renforce donc les pouvoirs du président, mais cela ne suffit pas…

Le 15 novembre 1849, sous la menace d’un coup d’état du Général José Manuel Quirós y Blanco, Castro Madriz renonce au pouvoir, alors qu’il était théoriquement élu jusqu’au 8 mai 1853. L’élection du vice-président de la République est alors en suspens, puisque les résultats n’ont pas été publiés. Quant au vice-président du congrès, Nazario Toledo, qui devrait normalement assurer l’intérim, il ne peut assumer cette charge car il n’est pas Costaricien de naissance.

2. La Dynastie des Mora Porras :

Le pouvoir revient donc à Miguel Mora Porras, un simple député, le 16 novembre 1849. Le congrès accepta cette passation de pouvoir, et donna à Mora Porras le titre de « fondateur de la République », en totale contradiction avec les évènements précédents, d’ailleurs…

Il ne détiendra le pouvoir que 10 jours, puisque le 26 novembre 1849, il abdique à son tour et cède le pouvoir au vice-président élu, Juan Rafael Mora Porras, qui n’est autre que son propre frère. On lui donne alors le titre de vice-président de la république au pouvoir, un moyen détourné d’accepter le démission du président, sans pour autant annuler son mandat.

photo de Juan Rafael Mora Porras

Juan Rafael Mora Porras

On le voit, la république naissante a du mal à s’imposer.

Le 30 décembre 1849, il devient officiellement président constitutionnel de la république. Charge à laquelle il sera réélu en 1853, à la date de la fin théorique du mandat de son prédécesseur, et en 1859.

Héros de la patrie, il affrontera deux guerres terribles. Il sera ainsi aux premières loges pour affronter la « guerre de 1856 », une lutte armée contre des pirates dirigés par William Walker venus conquérir le pays pour en faire une province d’esclaves. Il devra également affronter en 1857 une guerre contre le Nicaragua voisin pour de basses raisons de routes commerciales disputées.

Le 15 avril 1858, les accords de Cañas-Jerez mettront un terme à ce conflit en fixant les frontières des deux pays. Le Costa Rica perd alors l’accès au Lac Nicaragua, un point stratégique pour le commerce, et n’a plus qu’un accès très limité au fleuve San Juan, lui aussi passage maritime obligé.

Historiquement, Juan Rafael Mora Porras est cependant un personnage trouble.

Grand vainqueur des invasions de William Walker, période qui a fourni au Costa Rica son héros national Juan Santamaría, il est aussi resté célèbre pour l’essor économique qu’il a permis, en développant la culture du café. A noter que sa famille avait justement fait fortune grâce à cette culture.

Malheureusement, la fin de son mandat est plus sombre, et il est également connu pour sa tentative de coup d’état. Il faut replacer les choses dans leur contexte pour bien comprendre ce qu’il s’est passé. Malgré sa réélection le 8 mai 1859, les cartels de San José (autrement dit les soldats) le renversent le 14 août de la même année. Mora Porras se réfugie au Salvador. Le président élu alors, José María Montealegre Fernández, tentera de trouver un accord avec le président encore officiellement en exercice, puisque le mandat de Mora Porras ne se termine qu’en 1865, mais les négociations vont échouer.

Persuadé qu’un soulèvement de la population le ramènera au pouvoir, sur le modèle des « 100 jours » de Napoléon, Mora Porras débarque au port de Puntarenas en septembre 1860. Le gouvernement enverra à sa poursuite un contingent lourdement armé, et la bataille sera sanglante.

Mora Porras perd le combat, et un tribunal militaire le condamne à mort pour faits de haute trahison. Il sera fusillé le 30 septembre 1860. Malgré cela, l’étude historique de son cas a montré qu’il était plus humaniste que carriériste, et plus démocrate que dictateur. C’est pourquoi le 16 septembre 2010, soit près de 150 ans après sa mort, il sera réhabilité, et obtiendra le titre de « héros et libérateur national ».

Encore une fois, la République a bien du mal à s’installer…

3. La Transition :

José María Montealegre Fernández est de nouveau élu en 1860 jusqu’en 1863. Pour l’anecdote, c’est sous son administration que seront créés les codes postaux.

Le 8 mai 1863, il est remplacé par Jesús Jiménez Zamora. Celui-ci dissout le congrès à peine deux mois après on élection, en juillet 1863. Ce qui ressemble fortement à une précaution pour éviter un nouveau coup d’état. A la fin de son mandat, le 8 mai 1866, il cède le pouvoir à José María Castro Madriz, le premier président de la république. Mais celui-ci sera renversé le premier novembre 1868. Comme si le destin n’avait pas apprécié son abdication en 1849…

Président de la république intérimaire jusqu’au 15 avril 1869, puis officiellement institué jusqu’au 8 mai 1872 en théorie, Jiménez Zamora reste célèbre pour avoir rendu l’éducation gratuite pour tous. Il sera pourtant renversé le 27 avril 1870, et remplacé par Bruno Carranza Ramírez pour un intérim très court, grâce à l’appui des militaires.

C’est un militaire, Tomás Guardia Gutiérrez, qui sera élu le 9 août 1870 à la tête du pays. A noter que c’est le premier militaire à accéder à cette charge, et que ce coup d’éclat lui a valu le titre de Général. C’est également le premier chef d’état libéral du pays, mais son portrait est difficile à faire tant le personnage est contradictoire. Sous son gouvernement, de grandes choses ont été accomplies. Ainsi en 1871, une nouvelle constitution permit d’abolir la peine de mort, d’instaurer la liberté de culte et de rendre indépendant les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire).

Toujours en 1871, il inaugura la ligne de chemin de fer reliant Alajuela à San José. Des travaux pour une ligne rejoignant l’océan Atlantique furent entrepris, mais le projet fut abandonné faute de moyens. Il faut dire que sur les 3.4 millions de livres sterlings prêtés par les investisseurs Anglais, seul 1 million a effectivement été utilisé. Le reste est passé entre de trop nombreuses mains, et a fini dans de très nombreuses poches…

Un tournant se produit lors des élections de 1872. Les raisons de ce virage politique sont mal connues, mais Guardia Gutiérrez va soudain se transformer en dictateur.

4. La Dictature au Costa Rica :

Dès sa prise de pouvoir effective, Guardia Gutiérrez dissout le congrès, qui pourtant l’avait réélu. Il exile la plupart de ses adversaires politiques, et créé en 1873 la prison de l’île San Lucas pour y enfermer les autres.

Photo de Tomás Guardia Gutiérrez

Tomás Guardia Gutiérrez

En contradiction avec la liberté de culte qu’il a lui-même instauré, il fait venir massivement des prêtres jésuites pour assurer l’éducation. Et en 1874, il agrandit considérablement la prison militaire d’Alajuela, toujours pour se débarrasser de ceux qui pourraient lui nuire.

Le 8 mai 1876 plus ou moins sur ordre du dictateur, est élu à l’unanimité Aniceto Esquivel Sáenz. Cet homme de paille aura quand même une belle victoire à son actif. En effet, les négociations de paix réussies avec le Nicaragua éloigneront la menace d’une guerre avec le Costa Rica.

Sans surprise, il nomme Guardia Gutiérrez « benemérito de la Patria » (l’équivalent de l’ordre du mérite, ou la légion d’honneur en France). Dans le même temps, Guardia Gutiérrez est nommé ministre plénipotentiaire. Autrement dit, il dispose à lui seul de tous les pouvoirs des ministres réunis.

Guardia Gutiérrez signe avec le Guatemala un accord dit Guardia-Salazar en contradiction totale avec ses actes précédents, puisqu’il engageait le Costa Rica à ne plus admettre de jésuites, et à expulser ceux qui dirigeaient le collège San Luis Gonzago à Cartago. Le but de la manœuvre était peut-être de distraire l’attention de la population, puisque dans l’ombre, le coup d’état s’organisait.

Esquivel Sáenz entretenait des relations de plus en plus difficiles avec Guardia Gutiérrez. Il est finalement renversé par un coup d’état militaire (encore un) le 30 juillet 1876, soit à peine deux mois après son élection triomphale.

Vicente Herrera Zeledón prend sa place, et Guardia Gutiérrez est déclaré « premier désigné à la présidence », un titre au sens obscur, mais qui le place en première ligne pour la succession. En effet, Herrera Zeledón n’est là qu’en intérim, et pourtant, la dictature est déjà en marche. La censure de la presse n’en est qu’une première étape.

L’accord du traité Guardia-Salazar est immédiatement abandonné, à tel point qu’une subvention est octroyée au collège jésuite de San Luis Gonzaga, et les relations diplomatiques avec le Guatemala sont rompues, ce qui aura des conséquences désastreuses plus tard.

La lutte contre la contrebande et l’instauration de l’austérité dans les fonds publics est l’étape suivante dans l’exercice d’un pouvoir absolu. C’est le 11 septembre 1877, officiellement pour des raisons de santé, qu’Herrera Zeledón abandonne « provisoirement » le pouvoir à Guardia Gutiérrez. Ce tour de passe passe politique a mal tourné pour lui, puisque le 23 septembre 1877, une junte militaire le renverse.

Guardia Gutiérrez revient finalement au pouvoir avec les titres de général en chef des armées et président constitutionnel. Ces deux notions, totalement incompatibles entre elles, feront de lui, historiquement et sans contradiction possible, un authentique dictateur.

Pourtant, tout n’est pas sombre sous son administration, et il accomplira de grandes choses. La fondation de la Banque de l’Union en 1877 (devenue depuis la Banque Centrale du Costa Rica), les exportations de bananes vers les USA en 1880, et la fondation des archives nationales en 1881 en sont quelques exemples.

A noter qu’il officiellement président par intérim. Mais ce n’est pas la démocratie qui le chassera du pouvoir, ni un coup d’état. Guardia Gutiérrez meurt de mort naturelle en fonctions le 6 juillet 1882, à seulement 51 ans.

5. Une « démocratie familiale » :

La démocratie ne reprit pourtant pas ses droits, puisque c’est son cousin également gendre Saturnino Lizano Gutiérrez qui prend sa place jusqu’au 20 juillet 1882, avant d’être remplacé par Próspero Fernández Oreamuno, un autre de ses cousins.

Bien qu’élu démocratiquement en apparence, Fernández Oreamuno garde tous les attributs de son parent dictateur. Au passage, l’un des membres les plus influents de son gouvernement ne sera autre que José María Castro Madriz, le premier président du pays qui, rappelons-le, a abdiqué en 1849 et a été renversé en 1868. Chose incroyable, ils sont également cousins !

En 1884, un nouveau code militaire verra le jour, et de nouvelles lois libérales seront votées. Mais cette politique « libérale » sera ferme et significativement anti-religieuse. Les cimetières appartenant à l’Église seront ainsi saisis, et les communautés religieuses interdites. D’un autre côté, son administration permettra un progrès matériel certain, avec la signature de nombreux accords commerciaux internationaux.

En 1885, le président du Guatemala, Justo Rufino Barrios, devenu dictateur, veut envahir le Costa Rica afin d’en faire l’une des provinces d’une nouvelle Union d’Amérique Centrale.

En pleins préparatifs de la guerre, Fernández Oreamuno meurt le 12 mars 1885, même pas trois ans après son élection. Il est immédiatement remplacé par Bernardo Soto Alfaro, un producteur de café fortuné, lui aussi libéral et issu du monde militaire, puisqu’il était général. A noter qu’il a participé à l’éloge funèbre du dictateur Guardia Gutiérrez. Une coïncidence de plus, sans doute…

La guerre était imminente, et les forces armées du Costa Rica alliées au Nicaragua et au Salvador étaient sur le point d’entamer le combat contre le Guatémala et le Honduras, quand soudain, le 2 avril 1885, le dictateur Guatémaltèque Justo Rufino Barrios meurt et guerre n’a pas lieu. La thèse officielle, très controversée, prétend qu’il a succombé à une balle perdue, mais beaucoup pensent qu’il a été victime d’un coup d’état interne.

Toujours est-il que le président du Costa Rica Soto Alfaro arrive en période faste. Et son aura militaire, bien que totalement usurpé puisque la guerre n’ pas eu lieu, lui vaut dès le mois de mais 1885 le titre de benemérito de la patría ainsi que le titre de général de division (le plus haut grade militaire du pays).

Photo de Bernardo Soto Alfaro

Bernardo Soto Alfaro

Parmi les effets positifs de la présidence de Soto Alfaro, on peut citer la construction de la première institution destinée à accueillir les déficients mentaux, El Hospicio Nacional de Locos, financé par la création de la loterie nationale. En 1886, il fonde également un hospice pour les orphelins. A savoir qu’il a également œuvré pour l’imposition du système métrique, qu’il a fondé la direction générale des télégraphes et qu’il a contribué de façon significative au développement de l’éducation.

Mais quand les élections de 1886 eurent lieu, il fit pression afin d’empêcher l’oncle de sa femme d’être candidat. Il faut dire que si Victor Guardia Gutiérrez, le frère de l’ancien dictateur, s’était présenté, il aurait certainement remporté l’élection…

Au final candidat unique, Soto Alfaro est réélu à l’unanimité début avril 1886, et entame son deuxième mandat le 8 mai de la même année. En 1888, il met en application le nouveau Code de Procédures ainsi que le nouveau Code Civil. Par ailleurs, une réforme profonde du système éducatif élimina l’influence de l’Église Catholique, et l’école devint laïque. Ainsi fut fermée l’université de Santo Tomás pour être remplacée par l’institut d’Alajuela. On lui doit aussi le Musée National du Costa Rica, la Bibliothèque Nationale, l’Institut Météorologique National, etc…

A noter que durant ses deux mandats, il laissait parfois le pouvoir entre les mains de son père, le général Apolinar de Jesús Soto Quesada, qui ne possédait pourtant d’aucune autorité légale…

En 1889, l’Eglise Catholique, rudement affectée par la politique libérale, apporta son soutien à José Joaquín Rodríguez Zeledón, ancien président de la cour suprême de justice. Le résultat fut sans appel, et Rodríguez Zeledón obtint une large majorité en novembre 1889.

Pourtant, Soto Alfaro déclare dans un premier temps son poulain libéral, Ascensión Esquivel Ibarra, vainqueur. Le scandale fut immédiat, et de grande ampleur.

Acculé, le président Zeledón quitta le pouvoir (sans y renoncer officiellement) le 7 novembre 1889 et le remit entre les mains du troisième désigné Carlos Durán Cartín, un médecin sans grande ambition, qui abandonne sa charge le 8 mai 1890, date de fin du mandat du président déchu.

Pour information, le 7 novembre est considéré au Costa Rica comme el Día de la Democracia Costarricense (le jour de la démocratie Costaricienne).

Pourtant, Rodríguez Zeledón n’exercera pas son pouvoir de façon démocratique, mais bien dictatoriale. En 1892, il dissout le Congrès, et suspend les droits civils et politiques de ses anciens membres. Son mandat n’est d’ailleurs pas brillant d’un point de vue social… Il fait rouvrir l’université de Santo Tomás en juillet 1890 et créé de nombreuses écoles, notamment des instituts nocturnes pour adultes. Il signe également de nombreux contrats pour finaliser la ligne de chemins de fer vers l’Atlantique, qui verra officiellement le jour le 7 décembre 1890.

C’est aussi sous son mandat que sera décidée la construction du Théatre National, que sera inaugurée la statue de Juan Santamaría, que le 12 octobre devint fête nationale et que le site du Parc National de Guayabo deviendra monument national.

En revanche, toutes ses tentatives d’accords de politique étrangère seront des échecs cuisants. Les traités signés (parmi lesquels des pactes d’alliance avec le Salvador, le Honduras et le Venezuela) ne furent jamais ratifiés, et Rodríguez Zeledón ne parviendra à finaliser que deux accords mineurs, l’un concernant l’extradition au Nicaragua et l’autre à propos de la propriété intellectuelle avec l’Espagne. Un bilan très mitigé pour un dictateur peu efficace.

Le 8 mai 1894, au terme de son mandat, il désigne Rafael Iglesias Castro, son gendre, pour lui succéder. L’élection sera officiellement au-dessus de tout soupçon. Pourtant, les premeirs résultats donnaient José Gregorio Trejos Gutiérrez, candidat de l’Union Catholique, largement vainqueur… Quoi qu’il en soit, le mandat de Iglesias Castro se révélera presque dictatorial.

Il a certes inauguré le Théâtre National en 1897, et entamé les travaux de la ligne de chemin de fers vers le Pacifique, mais il a également réformé la constitution de 1871 afin de pouvoir être réélu sans rival en 1898. Il quittera le pouvoir en 1902, clôturant ainsi plus d’un demi-siècle d’une démocratie balbutiante très mouvementée. Et c’est Ascensión Esquivel Ibarra, le candidat malheureux de l’élection de 1889, qui lui succédera.

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