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Fête Dia de la Raza / De las Culturas au Costa Rica

La fête du 12 octobre, appelée le plus souvent « Día de la raza » (jour de la race), est d’origine Espagnole et encore très largement célébrée dans l’ensemble de l’Amérique Latine. Au départ célébration de la découverte du continent Américain par Christophe Colomb, elle a pris au fil du temps des aspects très divers, et des significations différentes selon les pays d’Amérique Centrale et du Sud.

1. Origine de la Fête du Día de la Raza :
2. Pays qui célèbrent la Fête :
3. La Fête du 12 octobre au Costa Rica :
4. Déroulement de la Fête au Costa Rica :
5. Critiques de la Fête au Costa Rica :

1. Origine de la Fête du Día de la Raza :

Le 12 octobre 1492, le marin Rodrigo de Triana, vigie de l’un des navires de la première expédition de Christophe Colomb, aperçut une bande de terre au loin et cria : Tierra ! (Terre!). Cet évènement est le premier d’une longue série qui aboutira au final à la découverte du continent Américain.

Il faut en effet souligner que cette terre n’était pas véritablement l’Amérique, mais une île dont les paysages ressemblaient à ceux de l’Espagne. Colomb l’appela donc La Hispaniola (l’Espagnole). Il s’agit aujourd’hui de l’île de Saint Domingue. Mais cette découverte était bien le premier pas vers la colonisation de l’ensemble du continent.

Gravure de la Decouverte Amerique Christophe Colomb

Découverte de l’Amerique par Christophe Colomb

L’Espagne, sous l’autorité du ministre Faustino Rodriguez San Pedo, décida de célébrer ce jour sous le nom de « Día de la raza » (Jour de la race) en 1913. Les anciennes colonies copièrent cette coutume, à des dates diverses, en reprenant le même nom.

Pourtant, en 1958, la fête Espagnole changea officiellement de nom, et devint « El Día de la Hispanidad » (le Jour de l’Hispanité), bien que l’ancienne appellation soit toujours aussi répandue. De la même façon, les autres pays adoptèrent diverse appellations, parfois sans rapport les unes avec les autres.

2. Pays qui célèbrent la Fête :

L’Espagne est seule à utiliser le nom de Día de la Hispanidad. Cependant, la fête a été assimilée à la célébration de la Virgen del Pilar (la vierge du pilier), patronne de la ville de Saragosse, et s’est transformée en une série de processions religieuses sans grand rapport avec l’idée de développement de l’Empire Espagnol et de découverte du nouveau monde qu’elle célébrait au départ.

En Argentine, la fête est appelée Día de la Raza (jour de la race), comme à l’origine. C’est le seul pays à avoir conservé officiellement ce nom, bien que la plupart des autres pays la pratiquant le conservent également de façon officieuse.

Aux Bahamas, elle s’appelle Día del Desubrimineto (le jour de la découverte).

Au Bélize, c’est el Día Panamericano (le jour pan-américain).

En Bolivie, c’est devenu el Día de la Descolonización (le jour de la décolonisation). A noter que cette appellation est illogique, puisque la date est justement celle du début de la colonisation.

Au Chili, c’est el Día del Encuentro de Dos Mundos (le jour de la rencontre de deux mondes).

photo Dia Del Encuentro de Dos Mundos au Chili

Dia Del Encuentro de Dos Mundos au Chili ©Cosmopolita

En Colombie, elle n’a pas de nom officiel, et c’est donc le nom originel de Día de la Raza qui reste employé.

A Cuba, la fête n’est pas tout-à-fait la même, puisqu’on célèbre le 10 octobre la date de début de la guerre d’indépendance contre l’Espagne en 1868. Cette volonté du gouvernement vise à se démarquer du reste du monde Latino-Américain. Il s’agit pourtant bien à l’origine de la même célébration.

En Équateur, c’est el Día de la Interculturidad (le jour de l’interculuralisme).

Au Honduras, tout comme au Salvador, elle est appelée Festivo Nacional (festivité nationale).

Au Mexique, on célèbre la Raza Iberoamericana (la race ibéro-américaine), faisant ainsi complètement l’impasse sur le monde Espagnol.

Au Pérou, c’est el Día de los Pueblos Originarios y del Dialogo Intercultural (le jour des peuples originels et du dialogue interculturel). C’est avec le Costa Rica le seul pays à avoir développé la fête pour y inclure l’ensemble des peuples qui constituent aujourd’hui sa population.

Au Vénézuela, la fête a été remise au goût du jour en 2002 sous le nom de Día de la Resistencia Indígena (jour de la résistance indigène). Comme pour la Bolivie, cette appellation n’est « pas correcte » au vu de l’origine historique de la date célébrée. A noter que c’est le seul pays à mettre uniquement les indigènes en avant. En réalité, cette fête est aujourd’hui un hommage à des ancêtres idéalisés tout en refusant l’appartenance à l’héritage Espagnol (avec notamment un rejet de la religion catholique, sous toutes ses formes).

En Urugauay, il existe une fête presque équivalente à celle du día de la raza, mais célébrée le 12 avril sous le nom de Día de la Américas (jour des Amériques).

Enfin, une minorité présente aux USA perpétuent la tradition sous la forme d’une célébration appelée Día del Colón, appelée également Colombus’ day (le jour de Colomb).

Bref, tous les pays d’influence Espagnole ont conservé, d’une manière ou d’une autre, cette célébration. Mais comme on peut le constater, les implications et les revendications sont très différentes d’un pays à l’autre, et s’éloignent souvent de l’origine historique de la célébration.

3. La Fête du 12 octobre au Costa Rica :

Bien que jour férié depuis 1943, ce n’est qu’en 1968 que le gouvernement officialisa « El Día del Descubrimiento y la Raza » (le jour de la découverte et de la race). Cette appellation, volontairement vague, a permis de développer une certaine forme de célébration, mais qui a eu du mal à s’imposer. L’empreinte de l’envahisseur Espagnol, même vu comme fondateur des civilisations Latino-américaines, était encore trop présent.

C’est pourquoi, en 1994, la fête devint plus simplement « El Día del Encuentro de las Culturas » (le jour de la rencontre des cultures). En raison de la grande ressemblance avec l’appellation Chilienne (Día del Encuentro de Dos Mundos ) et de la longueur excessive de cette appellation, le nom a ensuite été simplifié, afin de devenir tout simplement « El Día de las Culturas » (le jour des cultures).

La découverte du continent Américain est depuis totalement absente de la célébration, et la fête vise à glorifier le mélange des cultures Espagnole, Indigène et Caribéenne (les premiers colons, les indiens originels, et les esclaves Africains importés par la suite sur la côte Atlantique). En réalité, la fête telle qu’elle existe aujourd’hui est officiellement un appel à la tolérance, en reconnaissant l’importance des influences extérieures, y compris Américaines et Européennes, sur la construction culturelle du pays.

4. Déroulement de la Fête au Costa Rica :

Le flou qui a entouré cette fête pendant des décennies a créé des différences très marquées selon les régions pour sa célébration.

Photo du Dia de las Culturas du Costa Rica

Célébration du Dia de las Culturas au Costa Rica ©Ralgis

Hormis la fermeture des écoles et des administrations, puisqu’il s’agit d’un jour férié, rien ne lie les provinces entre elles, et les célébrations peuvent être très différentes, y compris d’un village à l’autre.

A noter qu’une loi spécifique du code du travail du Costa Rica déplace la fête du 12 octobre au lundi suivant quand elle tombe un mardi, un mercredi, un jeudi ou un vendredi, afin de permettre aux Costariciens de profiter de trois jours de congés consécutifs (samedi, dimanche et lundi) pour les vacances qui suivent. Par exemple, el Día de las Culturas a été célébré le 15 octobre en 2007, le 18 octobre en 2010, le 17 octobre en 2011 tandis qu’en 2012, la date a été fixée au 15 octobre.

Certaines villes, respectant l’influence Espagnole, pratiquent des processions religieuses afin de célébrer la vierge du pilier, mais aussi Jésus, Saint Jacques, ou un saint local. D’autres pratiquent une célébration proche d’un carnaval, avec personnages masqués, géants en cartons, et fanfares avec crécelles et pétards. D’ailleurs, la ville de Puerto Limón consacre une dizaine de jours à cette fête chaque année.

Le but est de célébrer toutes les cultures présentes au Costa Rica. Souvent, des défilés de personnes en habits folkloriques sont organisés en hommage aux peuples indigènes. Des danses traditionnelles sont ainsi présentées au public, mais on trouve également des troupes de capoeira, de tango, ou même de fox trot ou de twist. On peut même croiser au détour d’une rue des dragons chinois, mais l’évènement est rare, puisque les Asiatiques ne représentent que 0,2 % de la population.

Photo Dia de la Raza au Costa Rica

Dia de la Raza à Quesada, provinde d’Alajuela, Costa Rica ©Ralgis

Des repas géants sont également de la partie, notamment des gallos pintos représentant plus de 15.000 portions, et des orchestres de rue ou d’autres fanfares animent le tout. Les enfants sont également souvent mis à contribution, et défilent dans le même costume que celui qu’ils portent pour la Fête de l’Indépendance le 15 septembre, puisque beaucoup considèrent le 12 octobre comme une seconde fête nationale.

Mais il faut savoir que des quartiers, des villages, et même des villes ne la célèbrent pas du tout, et ne font que profiter d’un jour férié sans se soucier de sa justification.

4. Critiques de la Fête au Costa Rica :

Il existe une minorité grandissante au Costa Rica qui juge cette fête hypocrite, voire scandaleuse.

En effet, elle vise à rendre hommage à tous les peuples, et à toutes les cultures, ayant permis la construction de la société. Mais comme nous l’avons signalé dans note article concernant les minorités indigènes, le gouvernement ne fait rien pour aider ces peuples à survivre. Ils sont notamment exclus du système de santé, du régime de retraite, des services de voirie (enlèvement d’ordure, entretien des routes…) ou encore des réseaux électriques et téléphoniques.

D’ailleurs, les indigènes donnent à cette célébration des noms peu flatteurs, tels que « le jour où on a perdu notre indépendance », « le jour où la paix est morte », « le jour de l’agonie », etc.

Un peu comme ce qu’il s’est produit au Vénézuela, une revendication a vu le jour, dénonçant l’abandon des autorités. Et deux expressions reviennent souvent au sein des associations de lutte pour les droits des indigènes : el día del olvido (le jour de l’oubli), et pire encore, el día del ocaso (le jour de notre disparition).

Mais ces voix scandalisées n’ont que peu d’écho, et l’absence de véritables indigènes dans une fête sensée leur rendre hommage en partie ne dérange pas vraiment ni le gouvernement, ni la majorité de la population.

*****

El Día de las Culturas reste une fête incontournable qui vise à rendre hommage à toutes les cultures qui ont influencé, et influencent encore la culture Costaricienne. La représentation très limitée des peuplades indigènes, rendent cependant la célébration un peu amère aux goûts de certains. Elle reste pourtant l’occasion pour les touristes de voir l’importance donnée par le Costa Rica aux cultures extérieures, et de participer à une célébration similaire à la fête nationale.

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