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Histoire du Costa Rica : 1990 – 2002 Fils de et Corruption

De 1990 à 2002 vont se succéder au pouvoir trois Présidents de la Réplique ayant tous des liens familiaux avec d’anciens Présidents ayant marqué l’Histoire du Costa Rica. Globalement, leur politique générale sera favorable au pays. La crise économique sera plutôt bien gérée et le pays bénéficiera de grandes avancées en terme de culture, d’éducation, de tourisme et d’environnement. Mais malheureusement, tous les trois seront au cœur de grands scandales financiers pour corruption et prise illégale d’intérêts.

1. Rafael Ángel Calderón Fournier :
2. José María Figueres Olsen :
3. Miguel Ángel Rodríguez Echeverría :

1. Rafael Ángel Calderón Fournier :

Le 8 mai 1990, Rafael Ángel Calderón Fournier est élu à la tête du Costa Rica. Si vous avez lu notre article « Histoire du Costa Rica : 1920 – 1949 Guerre Civile et 2nd République », ce nom vous sera étrangement familier. Il s’agit en effet du fils du « doctor » Rafael Ángel Calderón Guardia, président du pays entre 1940 et 1944. Figure emblématique, bien que dictatoriale, c’est sans doute grâce à son aura que son fils a été élu.

Pourtant, ce n’était pas gagné ! Pour commencer, Calderón Fournier est né au Nicaragua, puisqu’en raison des évènements de la guerre civile de 1948, son père avait été expulsé du Costa Rica. Heureusement pour lui, la loi Costaricienne est particulière, et le droit du sang prime sur le droit du sol. Né de parents Costariciens, Calderón Fournier avait donc la nationalité Costaricienne. Pourtant, il ne verra son pays « natal » pour la première fois qu’en 1958, à l’âge de 9 ans, quand l’élection de Mario Echandi Jiménez mit fin à l’exil de ses parents.

De plus sa filiation politique n’est pas clairement définie. Évoluant au fil des époques, avec un opportunisme certain, il était au départ membre du Parti d’Unification Nationale (le PUN). Parti qu’il quitta en 1975 pour fonder le Parti Républicain Calderoniste (le PRC), une petite formation qui intégra la Coalición Unidad (Coalition Unie). Mais suite à sa défaite électorale en 1982, il quitte la Coalición, et devient leader de l’opposition en réunissant les anciens partis qui en étaient membre sous le nom de Parti d’Unité Sociale Chrétienne (le PUSC). Il perdit les élections de 1986, mais parvint enfin à devenir président en 1990.

Rafael-Angel-Calderon-Fournier

Rafael Ángel Calderón Fournier

Pour faire face à la crise économique mondiale de ce début des années 90, avec notamment l’effondrement des marchés asiatiques (Japon en tête) et la plongée du dollar, Calderón Fournier poursuit une politique que l’on dirait aujourd’hui d’austérité. Réduction des taxes à l’importation et à l’exportation pour libéraliser les flux de marchandises, adhésion au GATT (General Agreement on Tariffs and Trade, accord de libre circulation de produits en Amérique du Nord) et à L’Organisation Mondiale du Commerce, accords de libre échange avec le Panama et le Mexique, mais également suppression de 242 lois d’exonérations fiscales (autrement dit, de 242 niches fiscales), il impulsa ainsi un libéralisme forcené qui fit grincer les dents des économistes, lesquels ne croyaient pas à une reprise économique liée à la consommation. Pourtant, ceci permit au pays d’échapper aux effets de la crise, et même de développer de façon importante le commerce extérieur.

D’un point de vue culturel, son gouvernement sera également productif. Il fit restaurer le Théâtre National, ainsi que la Bibliothèque Nationale, et il fonda entre autres la Casa de la Música (siège de l’orchestre national), le Centre National de la Culture, la Galerie Nationale et le Centre Costaricien de la Science et de la Culture (siège du musée de Los Niños). Dans le même temps, avec une objectivité plus que douteuse, il fit inaugurer le musée Rafael Ángel Calderón Guardia, un musée historique ouvert depuis 1944, mais jamais officialisé jusqu’alors.

Il fut un président efficace, et participa à la sauvegarde économique du pays. Mais son avenir politique et personnel sera bien plus sombre… Sans rentrer dans les détails sordides de cette affaire de corruption, Calderón Fournier sera reconnu coupable d’avoir reçu plus de 440.000 $ d’un groupe Américain fabriquant de matériel médical, Fischel, en échange d’une position de monopole pour fournir la Caisse Costaricienne de Sécurité Sociale, dont il avait été directeur par le passé. Condamnation à 5 ans de prison ferme, confirmée suite à son appel en 2011, qui lui interdit désormais toute charge publique alors qu’il souhaitait se présenter à nouveau à la présidence de la République. Pour information, sa femme, pourtant actuellement députée (2013), a elle aussi été condamné à une amende de 79.000 $ pour délit d’initié, puisqu’elle a utilisé sa connaissance du marché (truqué!) pour acheter et vendre des actions au bon moment.

Bref, même si le nom des Calderón reste associé à de grandes réformes, il reste entaché par des scandales financiers qui auraient pu être évité.

2. José María Figueres Olsen

Le 8 mai 1994, il est remplacé par José María Figueres Olsen. Encore une fois, si vous avez parcouru nos articles traitant de l’histoire, notamment « Histoire du Costa Rica : 1949 – 1970 Paix et Progrès », son nom vous sera familier. Il s’agit tout simplement du fils de José María Figueres Ferrer, président du pays entre 1953 et 1958, et figure emblématique de la guerre civile de 1948. Là aussi, c’est sans doute grâce au nom illustre de son père, fondateur du Costa Rica moderne, que Figueres Olsen a été élu.

Photo de Jose Maria Figueres Olsen

José María Figueres Olsen © Postcode Lottery Green Challenge

Le programme de son gouvernement peut se résumer en trois mots : productivité, solidarité et environnement. Il poursuivit à l’extrême la libéralisation du marché pour intégrer le Costa Rica à une globalisation de toute façon inévitable. Mais cela lui valut les critiques de l’ensemble de sa classe politique, y compris des membres de son parti. Sa politique sera très ambigüe, et au final assez inégale.

Il parvint à développer le secteur des hautes technologies en incitant la société américaine Intel à installer son siège social au Costa Rica. Ce fût une excellente idée puisque en 2006 les usines de micro-processeurs Intel représentaient à elles-seules 20% des exportations du Costa Rica et 4.90% du PIB !

Il réforma le système bancaire en profondeur, en supprimant le monopole national sur les comptes courants. Il développe la médecine préventive en créant des équipes spécialisées qu’il déploie à travers tout le pays. Il améliore sensiblement l’éducation, en faisant voter une loi octroyant 6 % du PIB à l’éducation nationale, et développe ainsi son informatisation. Il ratifie les accords internationaux des conventions environnementales, et met en place dès 1995 une taxe d’émission de carbone.

Il fut également l’instigateur de l’ALIDES (Alianza Centroamericana para el Desarrollo Sostenible , en français Alliance Centro-Américaine de Développement Durable) qui est une institution destinée à refonder l’ancien Marché Commun Centro-Américain, devenu obsolète, et de l’ouvrir à l’international. Enfin, il inaugure le second aérport international du pays à Liberia, dans la province de Guanacaste, ce qui fera progresser le tourisme au nord du pays de façon fulgurante.

Mais, dans le même temps, il ferme l’INCOFER (la SNCF du Costa Rica), officiellement pour ouvrir le marché à la concurrence. En réalité, beaucoup ont remarqué que la disparition de la société nationale de chemins de fer favorisa le transport par bateau, dans des ports où étrangement Figueres Olsen possédait de nombreux commerces et restaurants…

L’ouverture du marché bancaire fut également fortement critiquée, puisqu’elle permit l’arrivée de sociétés étrangères, drainant de l’argent d’origine pas toujours nette. Alors que dans le même temps, il avait fermé la Banque Anglaise pour malversations ! Il mit fin au régime spécial de retraite des professeurs, se faisant ainsi de nombreux ennemis, tant à gauche qu’à droite. Il fut également accusé de livrer le pays aux intérêts Américains, la libéralisation du marché ayant en effet beaucoup profité aux USA.

Mais la plus grosse critique concernant son mandat concerne l’état des routes. En effet, en focalisant son action sur le commerce extérieur, et en allouant des crédits à l’exportation, son gouvernement laissera littéralement à l’abandon le réseau routier, jugé satisfaisant et trop cher à entretenir, le laissant se dégrader de façon catastrophique…

Figueres Olsen recevra au cours de sa présidence des reconnaissances internationales prestigieuses, notamment pour son action environnementale, mais sera lui aussi au cœur d’un scandale financier, pour lequel il n’a pourtant jamais été condamné… Durant son mandat, il a reçu plus de 900.000 $ de la part de la société Française Alcatel condamnée à plusieurs reprises pour corruption dans l’acquisition de marchés Costariciens (électricité, télécommunications et bien sûr téléphonie mobile). Les flux monétaires douteux incluent tellement de personnes que l’on ne va pas s’étendre sur le sujet… Et bien qu’aucune malversation n’ait été retenue contre lui, trois jours après la divulgation du scandale par le journal La Nación en 2004, Figueres Olsen fit passer sur la déclaration d’impôts de son frère des revenus non déclarés, pour lesquels il paya indirectement 67,2 millions de colones…

Figueres Olsen n’échappa donc probablement pas à l’appel de l’argent. Sa politique, bancale, sera reconnue pour son action en faveur de l’environnement, mais aura des répercussions indésirables dans le milieu financier. Loin d’avoir stabilisé le pays, il l’a ouvert à un libéralisme boursier dangereux. Au final, une image aussi controversée que celle de son père…

3. Miguel Ángel Rodríguez Echeverría :

Le 8 mai 1998, c’est Miguel Ángel Rodríguez Echeverría qui prend sa place, sous la bannière du PUSC (le parti chrétien auquel appartenait Calderón Fournier). Son nom ne vous dira rien, et pourtant, dans la lignée des dirigeants précédents, c’est un « fils de »…  Par sa branche maternelle, il descend directement de José María Castro Madriz, président du pays entre 1847 et 1849 et 1866 et 1868.

Photo de Miguel Angel Rodriguez Echeverría

Miguel Ángel Rodríguez Echeverría © MadridCR

Sa principale contribution au droit Costaricien fut la loi sur le Condition de la Femme et la loi de Paternité Responsable. En clair, les fille/mère acquiert des droits qui leurs étaient interdits jusqu’ici, et un enfant né hors mariage a le droit de porter le nom de son père, même si celui-ci ne le reconnaît pas. En 2001, il finalisa un accord de libre échange avec le Canada, et en janvier 2002, il fit de même avec le Chili.  Il promulgua également la loi de Cedulación Indígena, un simple décret ouvrant à tout citoyen indigène les mêmes droits que les citoyens Costariciens. Il fit également voter la loi de protection du travailleur. Ce terme étant peu explicite, il s’agit en réalité d’un intéressement aux bénéfices et d’une épargne salariale, qui engendra de confortables revenus à l’état en raison d’une taxation raisonnée. Autrement dit : tenez (d’une main) et donnez (de l’autre).

Mais lui non plus n’échappa pas aux scandales. En 2004, il dut renoncer à sa charge de secrétaire général de l’OEA (Organisation des États Américains) en raison d’accusation de corruption. Et finalement, le 27 avril 2011, Rodríguez Echeverría fut condamné à 5 ans de prison ferme pour avoir reçu plus de 800.000 $ de la société Alcatel (hé oui, le scandale continue!). Mais cela ne s’arrête pas là ! Rodríguez Echeverría aurait reçu du gouvernement de Taïwan 1,4 millions de dollars, déposés dans un compte au Panama, sous le nom de Inversiones Denisse S.A, société créée et gérée par Rodríguez Echeverría lui-même !  Et pire ! Via une pirouette liée à son gendre par alliance, Rodríguez Echeverría a réussi à détourner 200.000 $ sur des contrats de fourniture d’énergie en transférant les fonds sur son compte au Panama ! Au final, Rodríguez Echeverría aurait reçu en tout plus de 706.000 $ de la société PWS, société d’assurance internationale. Et sa tentative de privatisation de l’ICE (institut énergétique du pays) sera également considérée comme une escroquerie déguisée… Au final, c’est près de 2.000.000 de dollars que Rodríguez Echeverría a détourné. Mais les preuves ont manqué, et sa condamnation initiale fut la seule… On ignore encore aujourd’hui la portée réelle de ses malversations… On peut cependant porter au crédit de son action une très forte croissance des produits high tech, et un développement intense des revenus touristiques.

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