Vous êtes ici : Accueil » Informations sur le Pays » Histoire du Costa Rica : 1920 – 1949 Guerre Civile et 2nd République

Histoire du Costa Rica : 1920 – 1949 Guerre Civile et 2nd République

1920 – 1949, le Costa Rica est encore embourbé dans une période politique instable : corruption, fraude, petits arrangements entre amis… Mais l’opposition démocrate ne se laisse pas faire et déclenche une guerre civile qui verra la naissance d’une Seconde République.

1. Cycles politiques :
2. La Guerre Civile au Costa Rica :
3. La naissance de la Seconde République :

1. Cycles politiques :

Quand Julio Acosta García prend le pouvoir en 1920, il n’est pas vraiment un inconnu… Ancien ministre des affaires étrangères en 1915, il fuit le pays en 1917 suite au coup d’état de Federico Tinoco Granados, et se réfugie au Salvador. C’est son action militaire contre le pouvoir, symbolisée par son entrée à San José le 13 septembre 1919 pendant le régime éphémère du général Juan Bautista Quirós Segura, qui lui ouvre les portes de la plus haute charge du pays. Pourtant, en 1921, il a failli le conduire à une guerre ouverte avec le Panama pour une simple histoire de frontières. Les USA finirent par régler le conflit en postant des troupes des deux côtés de la frontière.

Acosta García ira tout de même au bout de son mandat, et sera remplacé le 8 mai 1924 par un homme loin d’être inconnu lui aussi : Ricardo Jiménez Oreamuno. Déjà président du pays entre 1910 et 1914, célèbre pour la reconstruction de Cartago suite au séisme de 1910, Jiménez Oreamuno était alors député de San José (théoriquement jusqu’en 1926). Il dut renoncer à cette charge pour redevenir président du Costa Rica. Pourtant, son élection fut disputée, puisqu’il n’obtient pas la majorité absolue. Son adversaire, le candidat du parti agricole Alberto Echandi Montero, se voit cependant écarté par le congrès grâce à l’appui du parti réformiste, et des anciens soutiens de l’ex président. Ce mandat sera cependant relativement anecdotique, et sans progrès majeur.

Le 8 mai 1928, son successeur est de nouveau une personnalité connue du Costa Rica, puisqu’il s’agit de Cleto González Víquez, ancien président du pays entre 1906 et 1910. Tout comme lors de son premier mandat, il se montra très efficace. Fondation du ministère du travail avec début de la création du code correspondant, création du ministère de l’agriculture et du service national de l’électricité, inauguration du port de Puntarenas, fondation de l’entreprise nationale des transports aériens, création de la chancellerie générale de la république, etc… González Víquez confirma en quatre nouvelles années de mandat son statut d’homme d’action.

Mais, chose étrange, son successeur ne sera autre que son prédécesseur… Ricardo Jiménez Oreamuno, après son premier mandat de 1910 à 1914, et son second mandat de 1924 à 1928, revient au pouvoir une troisième fois en 1932. Et encore une fois, son élection fut disputée. Le premier tour ne lui permit pas d’obtenir la majorité absolue, mais lors du deuxième tour, son adversaire Manuel Castro Quesada, pourtant bien placé, annula sa candidature.

Ce fait, politiquement rare, fait de Jiménez Oreamuno le 8 mai 1932 non pas le président du pays, mais le premier désigné à la présidence. Une nuance subtile, qui limite en réalité ses pouvoirs, puisqu’il restera sous la domination du Congrès, auquel il doit sa nomination, et donc son poste. Le 8 mai 1936, c’est León Cortés Castro, l’ancien directeur des archives nationales, ancien gouverneur et commandant d’Alajuela, ancien ministre du Costa Rica au Guatemala, ancien juge de Cartago, ancien président du congrès constitutionnel, ancien secrétaire de l’instruction publique puis de l’agriculture et troisième désigné à la présidence, qui prend les rennes du pays. Son mandat sera caractérisé par une politique de travaux publics particulièrement efficace. Il sera d’ailleurs reconnu benemérito de la patría en 1949, et donnera son nom à un canton de la province de San José.

Le 8 mai 1940, il fut remplacé par Rafael Ángel Calderón Guardia (surnommé, et même appelé ainsi dans livres d’histoire « el doctor », le docteur, puisque c’est sa formation initiale). Ancien délégué de la mission envoyée au Honduras par Federico Alberto Tinoco Granados, et ancien président du Congrès Constitutionnel, il fut élu grâce à l’appui du gouvernement.  Son mandat est caractérisé par l’instauration du salaire minimum, la journée légale de travail à 8 heures et l’instauration des droits syndicaux. Il a également fondé l’université du Costa Rica, et créé la caisse d’assurance sociale.

Photo de Rafael Angel Calderon Guardia

Photo de Rafael Angel Calderon Guardia

Et en 1941, avant les Etats-Unis, le Costa Rica a déclaré la guerre à l’Allemagne et à son allié, le Japon. Une attitude noble et courageuse saluée par les observateurs étrangers.  Mais son gouvernement a également des aspects plus sombres, notamment en raison de l’influence du parti communiste.  Ainsi, en 1942, un certain José Figueres Ferrer (de son nom complet José María Hipólito Figueres Ferrer, et surnommé Don Pepe) fut la victime d’un totalitarisme gouvernemental proche de la censure.  Ce chef d’entreprise dénonça publiquement la corruption du gouvernement le 8 juillet 1942 à la radio. Et, chose incroyable, alors qu’il s’apprêtait à conclure son discours, l’armée a encerclé les locaux de la station de radio, et la police a pris le contrôle de l’émetteur. Arrêté et emprisonné sur le champ pour incitation à l’émeute, Figueres Ferrer sera exilé au Salvador quatre jours plus tard. Retenez bien son nom, c’est finalement l’une des figures politiques et historiques majeures du pays…

Autre point noir dans le bilan du président Calderón Guardia : sa succession. C’est sous l’impulsion (ou l’influence, selon les points de vue) du parti d’avant-garde populaire (communiste) et du parti républicain national (Calderón Guardia en étant le chef) que sera élu le 8 mai 1944 Teodoro Picado Michalski.  Ce président pantin, homme de paille des communistes, doit son poste à une élection controversée, teintée de fraudes électorales supposées. Les chiffres fournis par le gouvernement le placèrent en effet en tête, alors que la plupart des délégations locales le donnaient perdant… Le fait que Michalski appartenait au même parti que Calderón Guardia, lui-même élu grâce à l’appui de ses membres influents, est pour le moins doueux.

Et en réalité, Michalski se contentera d’obéir aux ordres de Calderón Guardia, et aux souhaits du parti communiste, durant tout son mandat.  Finalement, pour couper court aux rumeurs de fraudes électorales et de corruption, Michalski va commettre une erreur fatale. En 1946, il fait voter une série de lois garantissant la transparence des résultats électoraux, et la divulgation publique de toutes les données. Ce geste, qui peut sembler noble, aura des répercussions irréversibles… L’opposition s’en est trouvée renforcée au Congrès (avec à sa tête Figueres Ferrer, de retour de son exil depuis 1944), et l’influence de Michalski était en baisse. Corruption, fraudes fiscales, détournement de fonds, le gouvernement était attaqué de toutes parts. La tension politique était alors à son comble…

2. La Guerre Civile au Costa Rica :

Le 8 février 1948, un incendie mit littéralement le feu aux poudres.  Une fraude électorale manifeste priva officiellement le candidat socialiste Otilio Ulate Blanco de sa victoire, suite à la destruction de la totalité des bulletins de vote par un feu d’origine inconnu. Et, comble de la manipulation politique, c’est finalement le « docteur » Rafael Ángel Calderón Guardia qui revient au pouvoir (après, pour rappel, l’avoir cédé de façon presque symbolique à Michalski lors de l’élection précédente). Le congrès va même jusqu’à décréter que l’incendie est lié à une manœuvre politique du candidat Ulate Blanco de l’opposition, et le fait arrêter et emprisonner.

C’était trop pour l’opposition, et une guerre civile éclata immédiatement. Guerre qui conduira à la suppression de l’armée au Costa Rica. Nous avons déjà parlé de la guerre civile de 1948, pour connaître tous les détails du conflit, consultez notre article « Le Costa Rica, un pays sans armée ».

Calderón Guardia perdit le combat au prix de mille vies (et le perdit à nouveau en 1949 et en 1955 lors d’assauts armés inefficaces).  Pourtant, malgré son histoire mouvementée, Calderón Guardia est une figure appréciée de l’histoire du Costa Rica. Considéré comme le grand réformateur social du pays, au charisme indiscutable, il a été reconnu benemérito de la patría le 17 avril 1974. Pour l’anecdote, l’un de ses fils sera président de la république entre 1990 et 1994, avant d’être condamné à 5 ans de prison pour détournement de fonds…

Le 19 avril, la guerre prend fin avec l’exil du président Calderón Guardia vers le Nicaragua, et le 20 avril, la victoire des opposants est complète puisque Michalski est contraint à s’y réfugier également.

3. La naissance de la Seconde République :

Le chef du gouvernement de transition est un certain Santos Herrera León, maître d’école de formation, et troisième désigné à la présidence.  Pourquoi le congrès a-t-il nommé le troisième désigné, et non le premier ou le second ? Tout simplement en raison des liens familiaux des principaux intéressés… Le premier désigné était Francisco Calderón Guardia (fils de l’ancien président) et le deuxième, René Picado Michalski (frère du précédent président sortant) ! Le gouvernement temporaire durera 18 mois sous le nom de pacte Figueres-Ulate. L’armée disposait de ce délai pour réformer les institutions en profondeur.

Le 8 mai 1948, date de l’élection présidentielle, le pays était donc gouverné par une coalition politique constituée de Fernando Valverde Vega, Benjamín Odio Odio, Bruce Masis Dibiasi, Gonzalo Facio Segreda, Uladislao, Gámez Solano, Francisco Jolé Orlich Bolmarich, José Orlich Bolmarcich, Raúl Blanco cervantes, Alberto Martén Chavarria et Benjamín Núñez Vargas.

Le président de cette union, José Figueres Ferrer dut faire face à une invasion militaire du dictateur du Nicaragua Anastasio Somoza García en décembre 1948. Invasion sanglante cependant vite réprimée par un gouvernement décidé à garder son autonomie.

José Figueres Ferrer

José Figueres Ferrer © Dcc1000

Et en avril 1949, le ministre Edgar Cardona Quirós et le militaire Fernando Figuls Quirós tentèrent à nouveau de renverser le gouvernement en s’emparant par les armes respectivement de la caserne de l’artillerie et de celle de Bellavista.  Les deux tentatives furent des échecs cuisants, et la démocratie put s’installer de façon durable. Elle prit forme définitive le 7 novembre 1949 avec l’accession au pouvoir d’Otilio Ulate Blanco, le candidat élu, déchu, puis réhabilité de la désastreuse élection de 1948.  Ainsi s’achève une période d’instabilité politique, marquée par une rotation présidentielle manifeste, de près de 30 ans. La seconde république était née.

VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 7.0/10 (4 votes cast)

Histoire du Costa Rica : 1920 – 1949 Guerre Civile et 2nd République, 7.0 out of 10 based on 4 ratings


Laisser un Commentaire

© 2012 Costa-Rica.fr

Aller vers le haut