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L’Hymne National du Costa Rica

L’hymne national du Costa Rica, « Noble Patria », est assez particulier à bien des titres. Nous allons vous présenter sa musique, ses paroles en espagnol, sa traduction en français mais aussi une explication détaillée de l’hymne.

Son nom officiel est tout simplement la première phrase de ce texte, à savoir « Noble Patria ».

Mais il faut savoir qu’au départ, cet hymne n’était que musical. Il a en effet été composé le 11 Juin 1852 par Manuel María Gutiérrez Flores. A noter au passage qu’il aura fallu attendre 32 ans pour que le pays pourtant indépendant se dote d’un hymne officiel, puisque ce ne fut qu’en 1853 que la mélodie fut adoptée par les instances nationales.

Ecouter la Musique de l’ Hymne national du Costa-Rica

Ecouter l’Hymne National du Costa Rica chanté

Ce flutiste de génie, âgé d’à peine 23 ans, venait de créer ce qui deviendra 48 ans plus tard « Noble Patria ». Il mourut le 25 Décembre 1887, à l’âge de 58 ans. Triste cadeau de noël pour un homme qui a littéralement voué sa vie à la patrie. Il n’aura donc jamais eu l’occasion d’entendre son hymne chanté…

Manuel María Gutiérrez Flores

Manuel María Gutiérrez Flores

En effet, la musique n’a été mise en paroles qu’en 1903 quand un concours public fut organisé dans ce but. Le vainqueur, José María Zeledón Brenes, magnifia alors les qualités du peuple Costa Ricain dans un texte ultra nationaliste, et presque caricatural…

Paroles de l’hymne national du Costa Rica :

Noble Patria !
tu hermosa bandera
expresion de tu vida nos da :
bajo el limpido azul de tu cielo
blanca y pura descansa la paz.
 En la lucha tenaz de fecunda labor
que enrojece del hombre la faz,
conquistaron tu hijos-
labriegos sencillos-eterno prestigio,
estima y honor.
 Salve, oh tierra gentil !
salve, oh madre de amor !
Cuando alguno pretenda
tu gloria manchar,
veras a tu pueblo
valiente y viril
la tosca herramienta
en arma tocar.
Salve, oh patria !
tu prodigo suelo
dulce abrigo y sustento nos da
bajo el limpido azul de tu cielo
vivan siempre el trabajo y la paz !

Ce jeune auteur de 27 ans, alors greffier à la cour suprême de justice, eut malheureusement un destin peu enviable par la suite. Malgré son œuvre, il fut torturé et emprisonné en 1948 durant la guerre civile. Sans doute justement en raison de son patriotisme aveugle. Il faut dire que sa vie avait mal démarré.

Sa mère mourut en couche en lui donnant la vie en 1877. Et son père mourut alors qu’il était encore très jeune. Il fut élevé par ses deux tantes, les sœurs de son père disparu, dans des conditions proches de la misère.

C’est probablement son ascension sociale qui lui a donné une telle confiance en son pays. Ce qui explique le caractère nationaliste de son interprétation de l’hymne.

Il est important également de signaler que Zeledón Brenes, faute de moyens, n’a pu faire d’études supérieures. Son texte s’en voit affecté, en ce sens qu’il est truffé d’archaïsmes, de mots désuets, de formules presque enfantines, et présente une structure poétique qui n’a rien de classique…

Les vers ont une longueur variable, de 5 pieds à 12, voire 13 si l’on se base sur les canons de la poésie traditionnelle.

Pour exemple, voici la forme des deux premiers couplets :

a
b
c
d
e

f
e
g
h
f

Le reste du poème est tout aussi anarchique. Il ne se dégage aucune logique, aucune organisation, tant dans les rimes que dans le nombre de pieds. On peut arguer que cela est lié ç la contrainte de la mise en parole d’une musique préexistante, mais on peut également souligner que le manque de formation littéraire de l’auteur explique en grande partie ces disparités.

Quant au texte lui-même, à vous de juger. En voici la traduction littérale, dans laquelle sont conservées les anomalies de langage signalées précédemment.

Traduction littérale en Français de l’hymne du Costa Rica :

« Noble Patrie !
Ton beau drapeau
L’expression de ta vie nous donne :
Sous le limpide azur de ton ciel
Blanche et pure repose la paix.
Dans la lutte tenace du fécond labeur
Qui rougit de l’homme la face,
Conquirent tes fils,
Laboureurs simples, éternel prestige
Estime et honneur.
Salut, oh terre bienveillante :
Salut, oh mère d’amour !
Si quelqu’un prétend
Ta gloire entacher
Tu verras ton peuple
Vaillant et viril
L’outil brut
En arme changer.
Salut, oh Patrie !
Ton prodigieux sol
Doux abri et nourriture nous donne
Sous le limpide azur de ton ciel
Que vivent toujours le travail et la paix ! »

Une formulation typique de la poésie latino-américaine qui n’est pas immédiatement accessible à un étranger découvrant ces mots… De nombreux mots vieillis apparaissent, dans leur sens originel. Des faux amis qu’il faut replacer dans le contexte. La langue utilisée au Costa Rica, bien que très proche de l’espagnol Castillan, garde un caractère archaïque lié au manque de renouvellement de la population locale par des locuteurs ayant obéi aux évolutions prônées par la Real Academia. Ainsi, « Salve », « faz » ou encore « gentil » ont ici un sens très proches de celui qu’ils avaient au 16ème siècle, quand le pays fut colonisé.

Traduction en Français modernisée, et épurée de « Noble Patria » :

« Noble Patrie !
Ton magnifique drapeau
Nous offre l’expression de ta vigueur :
Sous l’azur limpide de tes cieux
Repose la paix immaculée et pure.
Par la lutte acharnée du travail fécond
Qui empourpre le visage de l’homme
Tes fils ont conquis,
Pourtant simples laboureurs, un prestige éternel
L’estime et l’honneur.
Soit Bénie, oh Terre bienveillante !
Soit bénie, oh mère aimante !
Si quelqu’un prétend
Salir ta postérité
Tu verras ta population
Courageuse et virile
D’un simple outil
S’en faire une arme.
Soit bénie, oh Patrie !
Ta Terre miraculeuse
Nous procure nourriture et douce protection.
Sous l’azur limpide de tes cieux,
Que vivent à jamais le travail et la paix ! »

Le texte exalte des valeurs basiques, comme le travail de la terre. Ceci n’est pas un hasard puisque la vie économique du pays s’est développée autour de l’année 1843 quand se développa la culture du café. C’est donc bien la terre qui fournit aux hommes nourriture et protection. Mais on peut noter également d’autres symboles.

Ainsi, le ciel bleu azur surplombant la paix « blanche » apparaît dans le drapeau national sous forme de bandes colorées superposées.

Quant à l’allusion aux simples paysans prenant les armes pour défendre la patrie, elle est malheureusement prophétique puisque ce sera le cas en 1948 quand l’invalidation de la victoire d’Otilo Ulate Blanco provoquera une guerre civile qui fera plus de 1.000 morts…

D’ailleurs, Zeledón Brenes a vraiment eu une prémonition de l’avenir de son pays, puisque c’est cette même guerre qui fera que le Costa Rica supprimera son armée en 1949. C’est encore aujourd’hui l’un des 27 pays ou états du monde totalement dépourvu de défense militaire.

Si bien qu’en cas de conflit, comme le prédit Zeledón Brenes, le pays ne pourrait compter que sur ses braves paysans pour repousser à coup de fourches, de bêches et d’autres armes rudimentaires un éventuel ennemi.

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