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Histoire du Costa Rica : 1700 – 1808 La Chute de l’Empire d’Espagne

Depuis l’arrivée des colons espagnols, le destin du Costa Rica est lié à celui de l’Espagne, même si nous avons vu que le pays est négligé par la couronne espagnole. Pour comprendre les évènements qui ont poussé les colonies à déclarer leur indépendance, il faut nous déplacer en Europe pour assister à la chute de l’Espagne puis de son empire colonial.

1. Les guerres de succession en Europe :
2. La guerre de 7 ans :
3. La chute de l’Empire d’Espagne et la situation au Costa Rica :

1. Les guerres de succession en Europe :

Tout a commencé le 1er novembre 1700, en Espagne, quand le roi Charles II, de santé fragile et impuissant, meurt sans descendance. Le trône laissé vaquant attira la convoitise de toutes les autres puissances. Pourtant, par testament, la couronne revient au petit-fils de Louis XIV, le duc d’Anjou.

Carte de l'Europe en 1700

Carte de l’Europe en 1700

Le problème, c’est que Charles II avait posé une condition, à savoir l’abandon du traité de partage de mars 1700. Sans trop détailler, ce traité signé par les Français, les Anglais et les Provinces Unies prévoyait une répartition des terres entre les diverses puissances. L’Espagne devait revenir par exemple à Charles-Louis d’Autriche, ainsi que les Pays-Bas Espagnols mais également l’ensemble des colonies.

Charles II ne pouvait l’accepter, et le roi Louis XIV se trouva face à un cruel dilemme. Soit accepter le testament et régner indirectement sur l’empire Espagnol mais en s’attirant les foudres de l’ensemble des autres puissances européennes, soir le refuser et laisser passer une occasion unique d’élargir considérablement la sphère d’influence du royaume de France.

Louis XIV finit par accepter la succession. Philippe d’Anjou devint Philippe V (Felipe V), roi d’Espagne, le 16 novembre 1700, ce qui fut très mal vu par l’Autriche, l’Angleterre, la Suède, la Russie, etc… Toute l’Europe redoutait cette union, d’autant que par décret, le roi de France autorisait la couronne d’Espagne à prendre la succession de celle de la France en cas de problème.

Philippe V Roi d'Espagne

Philippe (Felipe) V Roi d’Espagne

Inacceptable. Et pour ajouter encore à la provocation, l’union des deux couronnes remilitarisait à tour de bras toutes les possessions Espagnoles, en vue d’un éventuel conflit. En février 1701, l’invasion par les troupes françaises des Pays-Bas Espagnols mit le feu aux poudres.

Le conflit ne prendra fin que le 6 mars 1714, et vit le renoncement définitif de la famille Habsbourg sur l’Empire Espagnol. Les pertes économiques de tous les pays y ayant joué un rôle furent colossales, et bien des états étaient au bord de la faillite.

Pourtant Philippe V avait conservé ses ambitions…

En 1715, Louis XIV meurt, et le futur Louis XV est encore mineur. Une occasion rêvée de s’emparer de la couronne de France, certes, mais difficile à réaliser faute de moyens.

Alors, en 1718, le roi d’Espagne envahit l’Italie afin de reprendre les riches possessions annexées par les Habsbuourg d’Autriche. Une campagne désastreuse, et ruineuse.

Le 20 février 1720, l’Espagne est à terre, balayée par la quadruple alliance constituée par les royaumes de France, d’Angleterre, d’Autriche et des Provinces-Unies. Philippe V renonce à reconstruire l’empire Espagnol dont il rêve. La couronne, au bord de la banqueroute, mise alors tout sur les colonies pour remonter la pente.

La situation menacée des colonies d’Amérique engendra de nombreux conflits. La France a peur pour la Louisiane, l’Espagne a peur pour la Floride, l’Angleterre redoute la montée du catholicisme au nouveau monde…

Bref, le conflit était à nouveau inévitable. Et comme il était bien plus simple de gérer une guerre sur le sol national que sur la terre coloniale, c’est bien en Europe que la guerre a eu lieu.

2. La Guerre de 7 ans :

Charles III, roi d’Espagne successeur de Philippe V, a eu la très mauvaise idée de s’associer à Louis XV dans ce qui sera appelé la guerre des sept ans. Ce conflit, débuté officiellement le 27 août 1756 et considéré par les historiens comme la véritable première guerre mondiale, a vu s’affronter le Royaume de France à la couronne Britannique. Mais de nombreux autres états y ont participé en tant qu’alliés des uns ou des autres.

Pour résumer, la Grande-Bretagne avait l’appui des états d’Amérique du Nord, ainsi que de la côte est des actuels USA, du Portugal, et donc du Brésil, de la Prusse et de quelques colonies Africaines.

La France, elle, pouvait se prévaloir du soutien de la majeure partie du continent Américain ainsi que de l’Autriche, la Russie ou encore la Suède.

Le rapport de force était évidemment en faveur de la Couronne Française, ce qui poussa le roi Charles III à entrer dans la bataille…

Seulement le combat fut une déroute complète pour la France, et donc ses alliés. Les Anglais avaient pris une part de plus en plus importante dans la colonisation du continent Américain. Cette guerre de sept ans leur permit d’asseoir leur domination sur le Canada, ainsi que toutes les îles du continent à l’exception de Saint-Pierre-et-Miquelon, la Martinique, la Guadeloupe, Marie-Galante et Sainte-Lucie, qui restent françaises.

Guerre 7 ans Bataille Navale de la Baie de Quiberon

Guerre de 7 ans : Bataille Navale de la Baie de Quiberon 1759

L’Espagne parvint à garder Cuba et les Philippines, mais en renonçant à la totalité de la Floride…

En 1763, l’équilibre géo-politique du monde entier était bouleversé. C’est le début de la décadence coloniale.

3. La chute de l’Empire d’Espagne et la situation au Costa Rica :

Le rapport avec le Costa Rica semble peu évident, et pourtant cette série de modifications politiques allait avoir un impact immense sur l’ensemble des colonies Espagnoles. La Couronne était littéralement ruinée et le poids des contributions demandées aux colons pour un conflit qui les dépassait complètement devenait insupportable. La révolte grondait déjà, mais pas dans les petites enclaves du Costa Rica, pas encore…

En 1793, Charles IV voulut lutter contre les idées révolutionnaires qui s’imposaient en France suite à l’exécution du Roi. La bataille du Roussillon fut un désastre, et la couronne Espagnole, éconduite, dut céder les villes de Figueras, Irún, Saint-Sébastien, Bilbao, Vitoria et Miranda de Ebro.

Le traité de Bâles, en 1795, rendit ces villes à l’Espagne, certes, mais en échange de l’île de la Hispaniola (Saint-Domingue / Haïti aujourd’hui). Humiliation suprême puisque ce fut la première découverte par Christophe Colomb.

Les défaites napoléoniennes finirent d’achever ce qui restait de la puissance espagnole. En 1808, le roi Charles IV, exilé, abdiqua en faveur de son fils Ferdinand. Ruiné, politiquement à genoux, l’empire Espagnol venait de disparaître, et l’ère des révoltes latino-américaines pouvait commencer.

Durant toute cette période, le Costa Rica vit en autonomie. Totalement abandonné par les autorités Espagnoles, l’économie de subsistance qui s’y pratique fonctionne mal. Les indigènes sont décimés par les maladies qu’ont apportées les colons, et ceux-ci sont trop pauvres pour les faire remplacer. De rares esclaves Noirs sont importés de Cuba ou de la Jamaïque, mais pas assez pour faire vivre convenablement les exploitations. Les fortunes s’épuisent, et les puissants s’affaiblissent…

On peut citer deux succès tout de même, à savoir la fondation de la ville de Cubujuqui  en 1706 (l’actuelle ville d’Heredia) et celle de Villa Nueva de la Boca del Monte en 1737 (l’actuelle capitale San José).

Mais le pays est encore totalement désorganisé, et les colons n’ont ni les richesses ni le pouvoir pour imposer une véritable autorité ou entreprendre des travaux d’envergure. Ce n’est qu’à la chute de l’Empire d’Espagne, en 1808, que les Costariciens se dresseront pour enfin devenir une nation.

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