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La Fiesta de la Yegüita de Nicoya

La fiesta de la yegüita « fête de la petite jument » est une célébration en l’honneur de Nôtre Dame de Guadeloupe qui se déroule dans la ville de Nicoya (province du Guanacaste). Elle se déroule tous les 12 décembre, jour de célébration de la Vierge de Guadeloupe.

Pour tout étranger, ou plus généralement pour tout observateur extérieur, cette cérémonie parait bien étrange, puisqu’elle mêle des traditions pré-colombiennes à des symboles catholiques, dans une parade très particulière. Une procession faisant intervenir une effigie de la Vierge côtoie un danseur affublé d’une tête de cheval en bois, au son de la flûte, des tambours traditionnels et d’orchestres plus modernes.

L’étrangeté apparente de ce rituel s’explique par l’histoire complexe de cette fête.

1. Origine de la fête :
2. Déroulement de la Fiesta de la Yegüita :

1. Origine de la fête :

Comme souvent avec les légendes d’origine indigène, l’histoire a retenu deux explications différentes, dont l’une est teintée de foi mystique catholique. Ce phénomène, appelé syncrétisme, a permis de faire entrer la religion dans les mœurs en transformant la plupart des croyances en légendes compatibles avec les miracles chrétiens.

Vierge de Guadeloupe

Vierge de Guadeloupe

Ainsi, l’origine indigène de cette célébration est une légende locale faisant état de la découverte fortuite d’un gisement d’or par un paysan, durant les premières années de la conquête Espagnole. Cet homme utilisa sa nouvelles fortune pour marchander avec les envahisseurs, et acheta des vêtements richement décorés et de la nourriture en quantité, y compris de la viande, à l’époque produit de luxe.

Sa richesse soudaine intrigua un voisin qui le suivit, et découvrit son secret. Cet homme malhonnête se mit lui aussi à exploiter le filon, et en tira de grands profits jusqu’à ce qu’un jour, l’indigène ayant découvert le gisement, accompagné de sa femme, tombe nez à nez avec lui, en plein pillage. Les deux hommes commencèrent à se battre, d’abord à coups de poing, puis à coup de machette.

L’épouse terrifiée se mit alors à genoux et implora les Dieux d’intervenir. C’est alors qu’une jument noire apparut mystérieusement et sépara les deux combattants à coups de dents et de sabots. Après avoir fait cesser l’altercation, l’animal disparut tel qu’il était venu, sans laisser de trace.

Ce miracle, relaté par tous les indigènes de la région, avait donné lieu à une célébration un peu étrange… Tous les ans, à la fin de l’année, les indigènes de Nicoya se réunissaient en place publique, et réglaient leurs différends à coups de fouet, torses nus, sous le regard d’un homme affublé d’une tête de cheval en bois. Lorsque le combat se faisait trop violent, ou en cas de victoire manifeste de l’un des protagonistes, le juge animal intervenait afin de mettre un terme à l’altercation.

Les Espagnols, dans le but d’évangéliser les populations, ont repris la légende telle quelle, en y ajoutant quelques détails pour amener la population à célébrer non pas les esprits, ou des Dieux oubliés, mais la Vierge de Guadeloupe, Sainte Patronne de la ville, mais aussi des Amériques (et originaire d’Espagne). A noter quelle peut être représenté à la peau noire.

La différence avec la version d’origine est mince, mais notable. Le gisement d’or a disparu, et se sont deux frères sous l’emprise de l’alcool qui se sont disputés au point d’en venir aux mains, puis aux armes en sortant d’une messe en l’honneur de la Sainte Patronne. Cela s’est passé un 12 décembre (jour de célébration de la Vierge).

Et ce n’est plus l’épouse terrifiée qui s’agenouilla et adressa une prière à la Sainte Vierge de Guadeloupe, mais les habitants de la ville. Ce qui fit apparaître un grand cheval noir. Celui-ci, à coup de dent et de sabots, désarma les deux hommes et les toisa du regard jusqu’à ce qu’ils se mettent à genoux. Ce n’est qu’alors qu’il disparut soudainement.

Bien que presque identiques, les deux versions exaltent des aspects différents, mais au final compatibles. La légende originelle fut bien vite oubliée à un détail près. Les Espagnols avaient fait de la jument un mâle, afin d’éviter l’idolâtrie. En d’autres termes, afin que la jument ne soit pas vénérée en tant qu’incarnation de la Vierge de Guadeloupe. C’est le seul point sur lequel ils ont échoué…

De nos jours, les deux versions cohabitent, et se mélangent au point qu’on ne peut plus véritablement les différencier. La célébration sanglante indigène a bien entendu disparu pour se transformer en une procession à la gloire de la Vierge de Guadeloupe.

Pour information, la Sainte Vierge de Guadeloupe n’est autre que la Vierge Marie, apparue à un paysan Mexicain en 1531. Devenue Sainte Patronne des Amériques, elle est célébrée un peu partout dans le continent et notamment au Costa Rica, à Nicoya.

2. Déroulement de la Fiesta de la Yegüita :

Le cœur de la célébration est la procession autour d’une effigie de la Vierge de Guadeloupe. La Vierge est portée dans les rues de la ville tandis qu’autour un homme exécute el baile de la yegüita (la danse de la petite jument). Cette danse traditionnelle, effectuée par un homme déguisé avec une tête de cheval en bois peinte en noir, encadre toute la cérémonie, puisqu’elle dure du début à la fin des festivités. L’homme exécute ses pas de danse autour de l’effigie de la Sainte, pour lui rendre hommage, au rythme des tambours traditionnels, tandis que le cortège est mis en musique par des orchestres bien plus modernes. Il est souvent accompagné d’une jeune fille symbolisant la Vierge.

Ce joyeux désordre est accompagné de stands de nourriture, eux aussi particuliers. En effet, ils alimentent leur foyer avec un bois sélectionné, venu d’une autre tradition de Nicoya. Ce bois, qui n’a en soi rien d’extraordinaire, est issu d’une fête célébrée en novembre, et appelée la pica de leña (littéralement le grattage de bois). En gros, les charrettes à bœufs amènent à Nicoya le bois prélevé sur les terres lointaines, avec comme récompense de la nourriture et de l’alcool de maïs traditionnel appelé chirrite. Ce même alcool est distribué tout au long de la procession, en plus de plats traditionnels et de café.

Le défilé est rythmé par des orchestres bien organisés, mais également par des artistes de rues, des amateurs jouant de la marimba (sorte de xylophone), et même des enfants tapant des mains ou jouant du tambour.

Traditionnellement, le défilé se termine avec la procession des bougies, durant laquelle l’image de la Sainte est ramenée vers l’église de Nicoya.

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Étrange mélange de traditions indigènes et de symbolisme catholique, la fiesta de la yegüita est une célébration incontournable à Nicoya. En dehors de l’aspect religieux, c’est une excellente occasion de déguster la cuisine locale et de découvrir ce que la fusion de l’artisanat antique et des apports Espagnols ont pu créer.

Au-delà de cet étrange ballet d’un homme à la tête de cheval dansant autour d’une image de la Vierge Marie, vous pourrez assister à une tradition vieille de plus de 400 ans, chargée d’histoire et porteuse d’un patrimoine inestimable, tant du point de vue culturel ou artistique, que du point de vue culinaire.

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