Fête de la Vierge de Los Angeles à Cartago
Tous les 2 août est fêtée à Cartago la « Virgen de los Ángeles », la Vierges des Anges. Le pape Jean-Paul II en personne officialisa cette croyance, accréditant ainsi un miracle bien connu des Costariciens : la poupée de Juana Pereira.
D’après cette légende, une jeune indigène qui se rendait à la rivière pour laver son linge (ou pour chercher du bois, selon les versions) trouva sur son chemin, le 2 août 1635, une petite statuette représentant la vierge Marie tenant l’enfant Jésus dans ses bras.
Illustration de la découverte de la vierge de Los AngelesIllustration de la découverte de la vierge
Tout près d’une source, et sur un rocher, la statuette semblait l’attendre. Elle la roula dans un linge, et l’emmena chez elle. Le lendemain, elle se rendit au même endroit, et trouva une statuette strictement identique à la première, exactement à l’endroit de la première découverte. Ravie, elle l’emmena chez elle afin de lui faire découvrir sa jumelle, mais la première statuette avait disparu. Le troisième jour, elle fit la même découverte, au même endroit, et sans même prendre la peine de vérifier que sa statuette avait bien disparu de chez elle pour réapparaître en pleine forêt, elle amena l’objet auprès du curé de sa paroisse, Alonso de Sandoval.
L’homme de Dieu enferma la statuette dans une cage verrouillée, dans le doute… Mais le lendemain, elle n’y était plus. Juana était retournée à l’endroit de la découverte, et rapporta la statuette à Sandoval, qui retenta l’expérience. Quand il se rendit compte le lendemain que la statuette avait à nouveau disparu et rejoint la forêt, il décréta qu’il s’agissait d’un message de la Vierge Marie en personne. Un temple fut bâti autour de la roche où se trouvait à nouveau la statuette. Aujourd’hui, à cet endroit précis, se dresse la basilique de Los Ángeles.
Basilique de Los Angeles à Cartago
Historiquement, absolument rien ne vient conforter l’existence de Juana Pereira, et encore moins de Alonso de Sandoval. Pire : beaucoup d’écrits, y compris religieux, mettent en doute la véracité du récit, et nient en bloc les dates et les noms donnés… D’ailleurs, Juana Pereira serait née de l’imagination de l’archevêque Víctor Manuel Sanabria Martínez, un dignitaire de San José ayant vécu dans la première moitié du vingtième siècle.
Quant à l’objet lui-même, il s’agit d’une statuette d’une vingtaine de centimètres de haut, qui représente vraisemblablement une vierge noire (ce qui n’est pas rare). La particularité de l’objet est sa composition, à savoir graphite, jade et roche volcanique. Trois matériaux théoriquement complètement incompatibles entre eux. Pourtant, malgré l’épreuve du temps, la relique est intacte, hormis sa coloration qui lui donne son surnom affectueux de « negrita » (que l’on ne peut traduire en français que par un mot ayant pris un sens péjoratif, « négresse », mais qui n’a aucune connotation raciste en Espagnol, plutôt un sens affectueux).
Patronne de la ville de Cartago en 1792, cette madone, au départ célébrée à Getafe, dans la communauté autonome de Madrid en Espagne, est également la Sainte patronne du Costa Rica et la protectrice des Amériques depuis 1824.
Les festivités, copiées sur celles de son homologue Espagnole, consistent en une longue procession. Celle-ci reproduit (de manière très alambiquée, il faut l’avouer) le trajet effectué par le curé Sandoval et les témoins présents lorsqu’il rapatria pour la dernière fois la miraculeuse statuette vers son écrin de verdure.
Tous les ans, autour du premier août, des dizaines de milliers de Costariciens affluent de tout le pays en une sorte de pèlerinage vers Cartago. Et le 2 août, une reproduction géante de la vierge entame sa procession, vêtue chaque année de nouveaux atours dont l’équipe un prêtre.
Le cortège termine sa route à la basilique dressée sur le lieu du miracle, dont on dit que l’eau qui jaillit en son cœur (issue de la source originelle de 1635) aurait le pouvoir de guérir.
Au-delà de la symbolique religieuse, c’est bien l’unité du pays qui est célébrée le 2 août. Au départ procession simple et localisée, la fête de la Vierge des Anges est devenue une fête nationale, et de grande ampleur. Pourtant, au départ, l’histoire est en tous points comparables à celle de Bernadette Soubirous, à Lourdes. La seule différence est ici que Marie ne s’est pas montrée, et n’a parlé à personne. C’est un objet anodin qui, par son don miraculeux de téléportation, a provoqué le miracle, et fait de la Virgen de los Ángeles la Sainte Patronne de tout le pays.
Fête de la Vierge de Los Angeles à Cartago,
