L’Arbre Guanacaste : Emblème national du Costa Rica
L’arbre guanacaste est un emblème national du Costa Rica. Dans un premier temps nous allons voir comment le guanacaste est devenu un des symbole du pays, puis nous ferons une présentation de l’arbre en lui-même.
1. Le Guanacaste, symbole du Costa Rica :
2. Caractéristiques de l’arbre Guanacaste :
1. Le Guanacaste, symbole du Costa Rica :
C’est par le décret numéro 7 publié le 31 août 1959 par l’assemblée, suite à une initiative originale du directeur d’un petit journal, La Tribuna que le guanacaste fait son entrée dans le patrimoine du Costa Rica. Cet homme, dont l’Histoire n’a malheureusement pas retenu le nom (d’autant que le journal a lui aussi disparu), avait lancé une grande campagne de promotion de la Province du Guanacaste afin de rendre hommage à leur adhésion volontaire au reste du pays.
Le choix de cet arbre comme emblème est le fruit d’un patriotisme basique faisant du pays un tel paradis que les autres nations le rejoignent de leur plein gré.
La réalité est toute autre, bien sûr… Pour information, cette décision historique de rattachement au Costa Rica avait été prise par le « Parti » de Nicoya, conglomérat issus des villages de Nicoya, Bagaces, Santa Cruz et Guanacaste, le 25 juillet 1825. Officiellement à la suite d’un référendum… Le référendum reconnu par tous les historiens n’a pourtant été qu’un « pronunciamento » civil, rien de plus.
Pour comprendre de quoi l’on parle au juste, il faut savoir que les « pronunciamientos » sont une très ancienne coutume de l’Amérique latine, et qui consiste en un putsch militaire dicté par la volonté d’un seul général en réalité, qui déclare l’indépendance de telle ou telle zone suit à la prise d’un symbole militaire quelconque. Avant bien entendu de se voir défaire par l’armée régulière… C’est bien ce dont on parle ici… Les villages importants se sont ligués, et ont imposé leur volonté aux autres, simplement parce qu’ils étaient plus puissants, et surtout plus riches. L’acceptation de ce référendum de pacotille était donc pure formalité.
D’ailleurs, le choix du « Parti » de Nicoya de rejoindre la nation avait des raisons beaucoup moins héroïques que ce que retient l’Histoire. A la base, un intérêt économique évident lié à l’implantation de la province, à savoir à la pointe ouest du pays, à la frontière avec le Nicaragua.
Le commerce y était florissant, mais une grande partie des territoires n’en profitait pas, en raison de leur mauvais emplacement. Situées trop au Sud de la frontière avec le Nicaragua, et trop à l’ouest de la frontière avec le Costa Rica, certaines zones de la province étaient dépourvues de tout attrait commercial.
En déclarant l’appartenance au Costa Rica, le Guanacaste a étendu sa frontière officielle jusqu’aux limites des autres provinces, fermant ainsi plusieurs couloirs existants, financés auparavant par les taxes versés par les commerçants pour les traverser, afin de disposer du contrôle absolu du flux de marchandises. Bref, un très bon calcul commercial, magnifié en symbole politique…
2. Caractéristiques de l’arbre Guanacaste :
Quant à l’arbre lui-même, qui donne d’abord son nom au village, avant de le donner à la province, il est célèbre pour la forme de sa graine, à laquelle il doit son nom : l’oreille d’éléphant.
En effet, en aztèque, guanacaste signifie « l’arbre oreille » (Guautil nacaztli). La graine qu’il produit est une des bases de l’alimentation des animaux de la forêt, et surtout des oiseaux, dont le yigüirro, le petit oiseau qui constitue l’autre emblème du pays.
De plus, les propriétés cosmétiques de l’huile qu’on en extrait sont à la base de la fabrication de nombreux produits d’hygiène. Par exemple, des lessives « bio » utilisant cette graine oreille d’éléphant sont disponibles y compris sur le marché français.
Une autre interprétation, plus mystique, veut que le guanacaste produirait des fruits capables de relier le monde des défunts à celui des vivants. Chacune des cosses en forme d’oreille deviendrait ainsi un « téléphone » branché sur ceux qui nous ont quittés. L’arbre oreille pourrait être un intermédiaire entre les prières des vivants et les lamentations des défunts.
Toutefois, de nos jours, cette croyance de communication avec la nature a tendance à disparaître complètement, et seuls des originaux, des étrangers ou des peuplades issus des natifs continuent à la défendre. En clair: le guanacaste doit son nom à la forme de ses cosses, rien de plus…
L’arbre en lui-même est de la famille des mimosaceaae (une espèce de mimosa). Seulement depuis 2003, cette sous-classe a été abandonné pour l’englober dans la classe supérieure, celle des « fabaceae », littéralement les « arbres à fèves ». Il vit jusqu’à 70 ans.
Un arbre qui a à la fois des feuilles parmi les plus productrices de nectar, une robustesse telle que les meubles que l’on fabrique avec son bois sont dits inusables, et des fruits très bons tant pour les animaux que pour les humains. On le trouve sur des plaines isolées, bordées par un ruisseau ou toute autre source d’eau en abondance.
Pourtant, malgré leur qualité, ses fleurs blanches ou jaunes sont très discrètes dans le large feuillage vert que l’arbre expose en mai et en juin. A noter qu’il s’agit d’un arbre caduc, c’est-à-dire qu’il perd l’intégralité de ses feuilles lors des mois d’hiver.
C’est bien la qualité supérieure de son nectar qui permet une abondante production de fruits. Chaque fleur donnera naissance à un gros légume semi circulaire, appelé « oreille », et chaque « oreille » donnera une dizaine de graines, des cosses noires d’environ deux centimètres de diamètre avec un liseré marron clair qui sont utilisées entre autre comme ornement dans des colliers, ou des boucles d’oreille par l’artisanat local.
L’arbre « Enterolobium cyclocarpum » peut mesurer jusqu’à 15 mètres de haut… au Costa Rica ! Certains arbres peuvent en réalité atteindre les 50 mètres dans d’autres pays (notamment au Venezuela) mais en raison du caractère particulier de la terre, le guanacaste du Costa Rica est beaucoup moins haut, mais aussi de bien meilleure qualité. Son tronc à l’aspect gris et rugueux peut mesurer jusqu’à quatre mètres de diamètre.
Ce qui pose à cette espèce un réel problème c’est son bois, de grande qualité, est utilisé dans l’ameublement de luxe. Et cette espèce, pourtant indispensable à la survie de la faune, est aujourd’hui menacée par l’Homme.
En effet, malgré son importance vitale, et son symbolisme reconnu par la Nation, le guanacaste est devenu comme le chêne liège, ou le tek, un arbre menacé par une surexploitation humaine, faisant disparaître un à un ces symboles de l’unité de la nation.
Au-delà des conséquences écologiques désastreuses, c’est bien un de piliers du patriotisme Costaricien qui est en train de disparaître.
C’est le commerce qui a amené le guanacaste à incarner le puissance du pays, et c’est bien l’argent qui est en train de détruire ce symbole de pouvoir…
Crédit photo : Flicka et Pimanzwazo
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