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La Quinceañera, fête des 15 ans en Amérique Latine et au Costa Rica

Tradition bien ancrée au Mexique et dans les pays Latino-Américains, la fête des 15 ans (fiesta de los quince años), appelée également les 15 printemps, les quinceañeras, ou tout simplement les 15, est une célébration destinée à symboliser le passage de l’adolescence au statut de femme d’une jeune fille le jour de son quinzième anniversaire.

1. Origine et déroulement de la fête des 15 ans :
2. La Quinceañera au Costa Rica :
3. L’influence de la fête des 16 ans venue des Etats-Unis :
4. Une fête pas toujours bien vue :
5. Où voir une fête des 15 ans au Costa Rica :

1. Origine et déroulement de la fête des 15 ans :

Plusieurs versions s’opposent quant à l’origine de la quinceañera .

L’origine la plus plausible est Espagnole. En effet, les riches familles, et plus généralement les nobles, avaient l’habitude d’organiser une sorte de bal quand leur fille atteignait l’âge de 15 ans afin de la présenter à ses prétendants. Mais le fait que cette tradition n’existe plus aujourd’hui en Espagne, d’où elle est sensée avoir été exportée, ouvre la voie à d’autres explications.

photo fille quiceanera

Jeune fille fêtant ses 15 ans ©justplainhope

Certains y voient ainsi une origine Française, ce qui est moins plausible, puisque même si une tradition presque identique existait effectivement en France, les contacts avec les peuples d’Amérique Latine n’ont pas été suffisants pour expliquer l’ampleur territoriale de cette célébration.

Une autre explication imagine un lien entre cette pratique et le mythe du prince charmant découvert lors d’un bal par une jeune fille qui n’a au départ rien d’une princesse, inspiré par les contes des frères Grimm notamment (contes qui ont connu une large diffusion en Amérique).

D’autres encore voient dans cette fête l’héritage d’un rite d’initiation vaudou importé par les esclaves à Cuba, mais encore une fois, d’un point de vue historique et territorial, cette explication ne tient pas.

Enfin, une thèse controversée lie la fête des 15 ans avec une ancienne célébration Aztèque, au principe identique, ou presque, puisque certaines de ces quinceañeras (nom que l’on donne aux jeunes adolescentes concernées) étaient parfois choisies pour un sacrifice humain. Mais encore une fois, le nombre de pays la pratiquant actuellement ne correspond pas du tout avec les limites de l’empire Aztèque.

En tout cas, une chose est sûre, c’est le Mexique qui l’a pratiquée en premier, avant d’être copié par de très nombreux pays. Ce qui donne une dernière explication, à savoir tout simplement une extension d’une fête pratiquée localement à tous les pays limitrophes.

Des variantes de la fête des 15 ans sont ainsi organisées en Argentine, en Bolivie, au Chili, en Colombie, au Costa Rica, à Cuba, en Équateur, au Guatemala, au Honduras, au Mexique, au Nicaragua, au Panama, au Paraguay, au Pérou, à Puerto Rico, au Salvador, en Uruguay, au Venezuela et dans les communautés Latino-Américaine des Etats-Unis.

Etant donné que le Mexique est le pays de départ de la fiesta de los quince años en Amérique Latine, nous allons voir le déroulement de la fête dans ce pays.

Dans la tradition catholique, une messe à laquelle n’assistent que les proches de la jeune fille ouvre la cérémonie. Ensuite tous les invités patientent jusqu’à l’arrivée de l’adolescente, qui arbore une robe assortie au bouquet qu’elle porte.

S’ensuit une danse avec ses cavaliers (2 minimum, 15 maximum) suivie d’un couronnement. En effet dans l’esprit d’un conte de fée, la quinceañera (la fille de 15ans) est coiffée d’un diadème, plus ou moins luxueux selon les moyens de la famille.

photo quinceanera avec ses cavaliers

Quiceañera avec ses cavaliers ©Bob With

On porte ensuite un toast solennel en l’honneur de la jeune fille, en veillant à ce que la couleur de l’apéritif soit assortie à sa robe.

Un orchestre traditionnel de mariachis assure l’animation du bal dans l’idéal, mais il est souvent remplacé par une sono. Il joue un rôle important pour le rythme de la fête, tout particulièrement au moment de la valse. Cette tradition veut que l’adolescente danse avec l’ensemble de ses cavaliers, avec son père, mais également avec toutes les personnes importantes dans son entourage tandis que ses cavaliers s’occupent de danser avec les autres femmes présentes. A noter que ces personnes, qui ne sont pas forcément au courant de leur participation active à la valse avant le moment venu, sont appelées sur scène par un maître de cérémonie.

La quinceañera doit également effectuer un spectacle de danse, avec des chorégraphies sur lesquelles elle s’est entraîné dans le but d’offrir la représentation la plus étonnante possible. C’est le seul moment de la fête où l’adolescente est amenée à changer de tenue afin de pouvoir danser plus facilement.

Enfin, c’est elle qui clôt le bal en dansant seule sur scène.

Certaines traditions, en perte de vitesse, sont tout de même encore grandement respectées.

Ainsi, afin de symboliser le passage à l’âge adulte, la quinceañera reçoit des mains d’une petite fille une poupée, la dernière de sa vie d’enfant. Elle peut décider de jouer avec pour assumer son rôle, ou non, mais c’est en tout cas le dernier jouet qu’elle recevra.

De la même façon, au cours de la soirée, la quinceañera reçoit des mains de sa mère, ou d’un parent proche une paire de chaussures à talons hauts. Elle défait alors ses chaussures à talons plats, et se fait chausser ce symbole de féminité, passant ainsi symboliquement du statut de jeune fille à celui de femme.

Le partage du gâteau revêt également un caractère symbolique, puisque la quinceañera doit le goûter en mordillant sa part (comme le ferait une enfant) avant de distribuer les parts restantes aux petites filles présentes.

Enfin, la fête des 15 ans traditionnelle, bien qu’à l’origine probable de la fête des 16 ans Américaine, est de plus en plus calquée sur le modèle venu des USA. Un retour de flammes, qui peut modifier certains stades de la cérémonie. Ainsi, il n’est de nos jours pas rare que la quinceañera, lorsqu’elle danse seule sur scène, le fasse sur une chanson de Justin Bieber, puisque c’est le seul moment de la soirée où elle choisit la musique.

Mais les grandes étapes de la fête sont restés inchangés. Les quince años sont une cérémonie aussi importante pour les jeunes Mexicaines que le jour de leur mariage. Et, quel que soit le budget disponible, toutes les familles l’organise sous une forme ou une autre.

photo de quinceaneras au mexique

Photo de 300 Quiceañeras dans les rues de Mexico en 2012 ©Eneas

2. La Quinceañera au Costa Rica :

Considérée comme une célébration ringarde et vieux-jeu, cette tradition survit tant bien que mal au Costa Rica, mais subit souvent de profondes modifications lors de l’organisation.

La robe de la jeune fille, traditionnellement rose, est une copie de robe de mariée. Le bal, quand il a lieu, est ouvert par le père de la jeune fille, remplacé ensuite par un prétendant masculin. De nos jours, il s’agit la plupart du temps du propre petit ami de l’adolescente. Pour être clair, la fête n’est plus aujourd’hui qu’un simple anniversaire amélioré.

Quant au bal lui-même, normalement animé par un orchestre et des danseurs traditionnels, il est le plus souvent remplacé par une danse unique, suivi d’un banquet avec DJ’s, ou plus simplement par une soirée en boîte de nuits.

En réalité, la tradition survit un peu comme la fête religieuse de Noël en Europe : c’est surtout l’occasion d’avoir des cadeaux !

Souvent, les quinceañeras profitent de l’occasion pour se faire offrir un voyage à l’étranger, de l’argent ou même une voiture (même si les Costariciennes ne peuvent pas conduire avant 18 ans).

3. L’influence de la fête des 16 ans venue des Etats-Unis :

De plus, une contamination culturelle s’est produite entre la fête traditionnelle d’Amérique Latine et sa concurrente venue des USA et du Canada, la « sweet sixteen » (littéralement « les doux 16 ans »). Cette sorte de bal des débutantes à l’Américaine, avec toute la démesure qui caractérise les Américains, est même devenue une émission de télé réalité à succès sur MTV, dont le générique est chanté par Hilary Duff. Peu de rapports avec la célébration Latino-Américaine, et pourtant la fête latino telle qu’elle se pratique de nos jours y ressemble de plus en plus.

Une véritable industrie s’est créée autour de cette célébration au départ traditionnelle. Des entreprises spécialisées, calquées sur le modèle Américain, louent ainsi des salles, qu’ils décorent, et organisent un concert privé, avec arrivée en limousine, et robe à 200 euros pièce.

Voici pour exemple l’offre de l’une de ces entreprises au Costa Rica :
- organisation complète du début à la fin de la fête
- animation assurée par un professionnel
- maître de cérémonies avec assistants en uniformes
- agent de sécurité pour filtrer l’accès
- bal avec discothèque mobile ou orchestre au choix
- sérénade avec le mariachi de votre choix
- articles de carnaval pour déguiser vos invités (chapeaux, diadèmes, masques fantaisie, colliers de perles en plastique, cotillons, montres néons)
- décoration complète de la salle (arche à l’entrée avec fleurs naturelles illuminées, rampe d’ampoules, compositions florales avec base métallique et bien entendu bouquet pour la jeune fille)
- nappes blanches et couvre-chaises blancs
- manteau de luxe
- pack de 85 photographies avec CD récapitulatif de la cérémonie
- salle de luxe ou hôtels au choix

Le tarif est évidemment fonction des options choisies, mais n’est pas accessible à toutes les bourses…

Bref, on est aujourd’hui très loin de l’esprit originel de la cérémonie, et bien plus proche d’une fête artificielle « bling bling ».

4. Une fête pas toujours bien vue :

Une fête des 15 ans au Costa Rica a conduit à la démission l’ancienne directrice du Musée des Arts Costariciens début juin 2012, Florencia Urbina.

En effet, les locaux du musée ont été le cadre en mars 2011 d’une fête des quinze ans privée pour une famille Américaine, au faste grandiose. Bien que le but officiel du musée soit « de veiller à la gestion, la conservation, la divulgation et la stimulation des arts et de la littérature sous toutes ses formes », la célébration n’a pas été considérée comme une manifestation culturelle.

D’autant que l’affaire n’est pas claire. La société organisatrice de l’évènement, spécialisée dans ce domaine, a officiellement loué les locaux pour « une activité de jeunes étudiants en arts visuels », un intitulé mensonger et volontairement flou.

La fête a donc été considérée comme un scandale, voire même un détournement de biens publics.

Cette anecdote montre en tout cas le rejet d’une célébration fastueuse à l’Américaine ne coïncidant pas avec les mœurs du Costa Rica…

Enfin, les associations féministes du monde entier luttent contre cette tradition qu’elles considèrent dégradante et immorale au vu du jeune âge des adolescentes concernées.

5. Où voir une fête des 15 ans au Costa Rica :

Pour assister à une célébration plus traditionnelle, il faut s’éloigner des grandes villes dans lesquelles les familles louent des salles entières et invitent des dizaines, voire des centaines de personnes. De toute façon, il s’agit de soirées privées, où vous n’avez aucune chance d’être invité. Seules les familles les plus aisées organisent de telles cérémonies, la plupart des gens se contentant d’une fête d’anniversaire un peu améliorée avec plus de cadeaux qu’à l’ordinaire.

Dans les campagnes reculées, dans les petits villages, certains pratiquent encore une cérémonie très proche de ce que les quince años étaient au départ. A savoir l’occasion pour la jeune fille de devenir symboliquement une femme et d’arborer une magnifique robe rose, comme une princesse de conte de fées et surtout de se retrouver en famille et entre amis autour d’un bal populaire, et d’une table bien garnie.

D’ailleurs, c’est bien souvent tout le village qui y participe, et les quinceañeras célèbrent souvent leur anniversaire en groupe, sans se préoccuper de leurs dates réelles d’anniversaire.

Quant à se choisir un prétendant, cette partie de la célébration, fortement critiquée, a pour ainsi dire disparu.

*****

Fête aux origines mal connues, devenue ringarde dans de nombreux pays. Elle se transforme de plus en plus en caricature commerciale sous l’influence de la fête des 16 ans Américaines. Il faut la rechercher dans les régions rurales pour découvrir sa véritable valeur culturelle. Mais l’aspect désuet de la fête traditionnelle l’isole de plus en plus du patrimoine culturel Costaricien et risque de la faire disparaître dans ce pays.

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Commentaires (3)

  • Nadège

    Je connaissais cette fête grâce aux films et aux séries mais je n’avais pas autant de précisions ! Ici aux USA toute occasion et un prétexte pour pousser à la consommation mais si tout le monde est content, pourquoi pas !

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  • Fabrice - Costa-rica.fr

    Comme tu le dis, pourquoi pas, mais je trouve quand même que le modèle des USA est poussé à l’extrême, c’est juste un étalage de richesse et ça perd du coup tout son charme :/

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  • Caroline

    J’habite en France, et ici personne ne fait de quinceanera. Pourtant je trouve cette fête magnifique, porter des robes, des couronnes, tout cela est digne d’un compte de fée. C’est la journée ou l’on se croit dans un rêve, parce que on devient une princesse. J’aimerais vraiment faire cette fête, mais je ne peux pas…

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