Le Requin Bouledogue du Costa Rica
Le requin bouledogue (carcharhinus leucas), appelé également requin du Zambèze, requin d’estuaire, requin du Nicaragua ou encore requin d’eau douce, est un animal régulièrement observé au Costa Rica.
Ces multiples appellations sont dues au fait qu’il était observé dans des zones si différentes et si éloignées que les premiers scientifiques qui les ont étudiés ont cru avoir affaire à des espèces différentes.
Il est très souvent confondu avec son cousin éloigné, le requin taureau (carcharhinus taurus), car, que ce soit en Anglais (bull shark) ou en Espagnol (tiburón toro), leurs noms sont identiques, seul le nom latin est différent. Pourtant, ils n’appartiennent pas à la même famille de requin, et ne fréquentent pas les mêmes zones.
Soyons clairs : contrairement à ce que vous pourrez lire un peu partout, il n’y a pas de requin taureau au Costa Rica.
1. Présentation du Requin Bouledogue :
2. Le Requin Bouledogue, un requin d’eau douce :
3. Mode de vie du Requin Bouledogue :
4. La triste réputation du Requin Bouledogue :
5. Où voir des Requins Bouledogues au Costa Rica :
1. Présentation du Requin Bouledogue :
Le requin bouledogue mesure jusqu’à 80 centimètres à la naissance, et atteindra à l’âge adulte (environ 10 ans plus tard) une taille comprise entre 2,30 mètres et 3 mètres, pour un poids compris entre 95 et 130 kgs. A noter que ce sont les femelles qui sont les plus grandes, et donc les plus lourdes.
Son dos est gris, ou couleur olive, et son ventre est blanc clair. L’extrémité de ses nageoires est plus foncé, tirant sur le noir. La seconde partie de ses nageoires dorsales est plus courte que la première.
Sa mâchoire supérieure est dotée de crocs triangulaires, tandis que sa mâchoire inférieure est équipée de dents verticales pointues. Cela lui permet de piéger sa proie en plantant ses dents fines dans son corps, et de la découper en faisant des mouvements latéraux avec ses crocs triangulaires. A noter qu’il possède une force de morsure de 565 kg par centimètre carré (presque autant que le grand requin blanc).
Il vit généralement entre 14 et 20 ans, bien que le spécimen le plus âgé jamais observé avait 32 ans. Ce n’est d’ailleurs pas la seule anomalie sur sa carte d’identité puisqu’en 2009 il a été observé au large de la côte Pacifique du Costa Rica plusieurs spécimens d’une taille anormalement grande. Sur la base des données recueillies, ce requin bouledogue géant, d’origine inconnue, mesurait plus de 4 mètres, et pèsait plus de 500 kg.
2. Le Requin Bouledogue, un requin d’eau douce :
Le requin bouledogue possède une caractéristique qui intrigue le monde scientifique. Il est en effet doté d’une glande unique parmi toutes les espèces de requins qui lui permet de vivre aussi bien dans l’eau de mer que dans l’eau douce.
Il s’agit d’une petite glande située au-dessus de ses reins qui permet à son foie de stocker le sel contenu dans l’eau de mer, pour le libérer au besoin dans l’eau douce qu’il absorbe.
Sachez que pour tout autre requin, dépourvu de cette glande, le passage d’un milieu salin à l’eau douce aurait pour effet une explosion progressive de toutes ses cellules, puisque c’est le sel contenu dans l’eau qui leur donne leur densité.
Le processus exact est mal connu, mais il semble que le requin bouledogue se déplace volontairement vers des milieux hypersalins (une eau de mer très chargé en sel) pour y « faire le plein » afin de pouvoir ensuite affronter des eaux à la salinité moins forte et des eaux douces.
Sa grande autonomie en sel (plus d’un an) lui permet de traverser des rivières et des fleuves entiers. On peut ainsi le croiser dans le Zambèze, le Tigre, le Gange, le Mississippi, et même l’Amazone. Un groupe revient également de façon fréquente dans le lac Nicaragua (situé dans le pays du même nom) en remontant le fleuve San Juan depuis la mer des Caraïbes.
De plus, comme c’est un excellent nageur pouvant parcourir jusqu’à 180 km par jour, on le trouve un peu partout à la surface du globe (Amérique centrale, Amérique du Sud, côtes est et ouest de l’Afrique ainsi que tout au long des côtes de l’océan Indien et de l’océan Pacifique).
3. Mode de vie du Requin Bouledogue :
Il a un régime alimentaire très varié. Tortues, dauphins, oiseaux, mammifères terrestres, crustacés, raies, étoiles de mer, mais aussi de plus petits requins, y compris de sa propre espèce. Le requin bouledogue est en effet cannibale.
Le requin bouledogue un chasseur en eau trouble, afin d’être plus difficilement repérable, d’autant qu’il vit souvent en eau peu profonde (de 2 à 10 mètres). Il pratique parfois une technique de chasse étrange consistant en un ballet circulaire autour de sa proie, ponctué de coups de queue et de tête et de plusieurs morsures. On ne sait pas exactement le but de cette manœuvre (est-ce par jeu?), mais l’issue est en tout cas toujours mortelle pour la proie.
Il chasse seul en général, bien que parfois il accepte la compagnie d’un congénère.
En revanche, il possède un sens de la possession très poussé, et défend son territoire de façon très agressive, et ce quel que soit l’envahisseur. Ce requin est donc très solitaire, et ne fréquente d’autres spécimens que pour s’accoupler.
La gestation dure 12 mois, et la femelle requin donne alors naissance à une portée allant de 4 à 10 petits. Afin de limiter les risques pour sa progéniture, la femelle choisit un lieu reculé, et surtout une eau faible en sel (estuaires, lagunes, etc…). Cela réduit à néant les chances de croiser un requin d’une autre espèce, principal prédateur du requin bouledogue (notamment les requins tigres et les grands requins blancs).
4. La triste réputation du Requin Bouledogue :
Depuis quelques années, le requin bouledogue est considéré comme le plus agressif de tous.
On a en effet découvert que beaucoup d’attaques attribuées au grand requin blanc, au requin tigre, ou au requin taureau étaient en réalité l’œuvre de requins bouledogues.
Il faut dire à sa décharge que le fait qu’il puisse vivre en eaux douces, et à faible profondeur, le met au contact des humains de façon beaucoup plus fréquente que tous les autres requins réunis. Sa réputation n’est donc pas entièrement méritée.
D’ailleurs, ces attaques sont très rarement mortelles. En revanche, la thèse voulant que le requin attaque les humains en les confondant avec des proies est de plus en plus critiquée.
Il est vrai qu’un surfeur couché sur sa planche, vu du dessous, ressemble à une tortue marine. Mais que penser des baigneurs insouciants attaqués à peine à 200 mètres des côtes, sans aucune raison apparente ?
Les scientifiques envisagent de nos jours un comportement agressif imprévisible, en contradiction avec la plupart des témoignages de ceux qui les ont croisé sur leur route, dont l’origine reste à déterminer.
Une thèse à l’étude concerne une hypersensibilité des ampoules de Lorenzini. Il s’agit des organes sensoriels du requin, situé sur le devant du crâne, lui permettant de détecter le champ électromagnétique de sa proie. Pour une raison encore inconnue, ces ampoules semblent se dérégler parfois, et confondre un animal inoffensif avec un ennemi mortel en phase de chasse. Le requin ne ferait donc que se défendre en se croyant attaqué.
Cette théorie, qu’il faudra des années pour valider, expliquerait en tout cas le fait que des dizaines de personnes, chaque année, nagent au côté des requins bouledogues, voire même les touchent, les caressent, ou s’accrochent à leurs ailerons, sans déclencher la moindre hostilité.
Sachez qu’il existe actuellement un dispositif, le bouclier anti-requin, qui perturbe les ampoules de Lorenzini des requins afin de les éloigner en leur faisant croire qu’on est beaucoup plus grand qu’eux. Cet appareil n’est malheureusement pas infaillible, et les chercheurs doutent de son efficacité réelle.
5. Où voir des Requins Bouledogues au Costa Rica :
Les requins bouledogues sont présents tout autour du Costa Rica, que se soit sur la côté Pacifique ou Atlantique. On peut donc en voir par hasard un peu partout.
Si l’on veut les observer à coup sûr (ou presque), il faut se rendre dans le parc naturel du Tortuguero dans la province du Limón. Les canaux qui le traversent sont un lieu de reproduction prisé par les tortues (qui donnent son nom au parc, tortue se disant « tortuga » en Espagnol), et les requins bouledogues en raffolent.
La traversée des canaux est possible, mais uniquement en bateau et accompagné d’un guide expérimenté. La baignade dans ces eaux est bien entendu interdite.
De manière générale, on trouve des requins bouledogues partout où les tortues viennent pondre. Ce qui pose parfois problème.
Ainsi en 2011, un jeune surfer de 15 ans est décédé à Playa Grande, dans le Guanacaste, des suites d’une morsure. Ce n’est pas le requin qui l’a tué directement, mais une hémorragie liée à une importante plaie à la cuisse.
Preuve que le requin bouledogue peut être très dangereux.
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Animal emblématique du Costa Rica, présent sur toutes les côtes, aujourd’hui représenté sur le billet de 2.000 colones, le requin bouledogue n’est pourtant pas une attraction touristique à prendre à la légère. D’un naturel apparemment calme, il peut en des circonstances mal connues se montrer très agressif, et attaquer l’Homme sans aucune raison, avec des conséquences parfois tragiques.
Quoi qu’il en soit en réalité de l’agressivité naturelle de cet animal, il est aujourd’hui placé sous surveillance. Espèce « quasi menacée » (le grade précédant de peu celui d’espèce menacée) le requin bouledogue a en effet un prédateur naturel dangereux : l’Homme.
En raison de sa mauvaise réputation, et de sa valeur sur le marché (jusqu’à 400 euros le kilo pour son foie, sa chair et ses ailerons), il est de plus en plus chassé, tout autour du globe. Un juste retour des choses pour certains, un acharnement dénué de fondement pour d’autres.
Mais au vu des connaissances actuelles, on ne peut que conseiller la prudence aux curieux. En d’autres termes, on touche avec les yeux.
Le Requin Bouledogue du Costa Rica,
fabrice blog voyage
Intéressant! J’imagine que le rencontrer en plongée ne pose aucun problème?
Fabrice - Costa-rica.fr
Généralement tu n’auras aucun problème à le rencontrer en plongée. On peut voir de nombreuses vidéos de plongeurs « s’amusant » avec un requin bouledogue, ou même qui les nourrissent en eau peu profonde.
Je suis d’ailleurs moi même tenté par ce genre d’expérience.
Toutefois, le comportement du requin bouledogue reste totalement imprévisible, et on peut recenser pas mal d’attaques, dans la grande majorité des cas les attaques se limitent à des morsures mais qui peuvent entraîner la mort à cause des hémorragies donc prudence
tanned voyage
Article intéressant, on nous apprend à rester calme si on voit un requin en plongée mais je sais pas si je peux le rester vu la capacité et la taille de l’animal!
Voyager en Amérique Latine
A ce qu’il paraît, les requins en général n’aiment pas la chair humaine.. Du coup je commence à me demander si la chanson Gerard Lenormand ne disait pas vrai : « à cause de ce requin que les américains ont inventé pour faire peur à ton père !! » ^^