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La Paresseux à Gorge Brune du Costa Rica

Le paresseux (perezoso en espagnol) est un animal très répandu au Costa Rica. Nous avons donc décidé de vous faire découvrir cet animal peu connu mais très spécial et fascinant. L’espèce la plus répandu au Costa Rica est le paresseux à gorge brune (3 doigts), nous allons donc nous concentrer sur cette espèce même si vous pourriez croiser des paresseux à 2 doigts (choloepus hoffmanni).

1. Présentation du Paresseux à gorge brune :
2. Les prédateurs du Paresseux :
3. Le Paresseux, un animal unique :
4. Le Paresseux mythique des peuples précolombiens :
5. Où voir un Paresseux au Costa Rica :

1. Présentation du Paresseux à gorge brune :

Le paresseux à gorge brune, appelé également paresseux tridactyle de Bolivie, de son nom scientifique bradypus variegatus, est un mammifère herbivore parmi les plus étonnants au monde.

Son faciès, aux yeux larges larmoyants et au nez écrasé, lui donnent vaguement l’aspect d’un singe, ou d’un enfant triste selon les interprétations. C’est en tout cas un visage émouvant qui fait dire à ceux qui ont pu l’observer que le paresseux est d’un naturel mélancolique (ce qui évidemment n’a qu’une valeur subjective).

Paresseux gorge brune Costa Rica

Paresseux à gorge brune du Costa Rica © Christian Mehlführer

Il possède une ouïe rudimentaire, spécialisée dans les sons aigus, et son odorat semble tout aussi faible. On ne sait que peu de choses de sa vue, mais on suppose qu’il voit en noir et blanc avec cependant des perceptions extrêmement limitées de rouge. Son sens du toucher, quant à lui, est quasi inexistant dans la mesure où seul ses étonnantes griffes courbées et parallèles entre elles (de cinq à 6 centimètres de long) sont en contact permanent avec le monde qui l’entoure.

Il vit la plupart de son existence suspendu à une branche. C’est dans cette position qu’il vit, qu’il dort, qu’il se nourrit et même qu’il se reproduit ou met bas ! Cette position de « cochon pendu » a même provoqué le déplacement de certains organes internes (tels le foie et l’estomac, qui ont du s’adapter à la pression permanente exercée par la gravité sur l’abdomen).

D’une taille variant entre 40 et 60 cm, et d’un poids d’environ 4 kg, il possède un métabolisme incroyablement lent, ce qui lui vaut son flegme naturel, ainsi que son nom.

En effet, il n’a que 6 à 8 échanges respiratoires par minute, et peut même rester en apnée pendant une quarantaine de minutes.

Sa température interne varie entre 23°c et 32°c au rythme de l’ensoleillement.

Il se déplace à la vitesse moyenne de 0.2km/h, mais peut atteindre les 0.6km/h en cas de danger, ou lors de la recherche d’une femelle.

Son système digestif est également très lent, puisqu’il ne fait ses besoins que tous les 7 à 10 jours. A tel point qu’il perd environ 30 % de son poids à cette occasion. C’est d’ailleurs le seul moment où il descend au sol, et où il est véritablement vulnérable.

La seule défense du paresseux est son pelage sombre, qui le rend difficilement repérable, mais surtout son incroyable lenteur, qui le rend presque invisible.

Le mâle possède une zone dépourvue de poils entre les omoplates, et teinté d’orange, appelé spéculum. Sa couleur vive et ses sécrétions semblent liés à la reproduction, mais les scientifiques n’ont jamais clairement découvert le rôle qu’il joue. C’est d’ailleurs la seule différence visible entre le mâle et la femelle.

Mais il faut signaler que la femelle, en période de rut, émet un cri strident, que beaucoup qualifient d’angoissant, appelé le « aï » en raison de sa tonalité. Un hurlement qui ressemble à s’y méprendre à celui d’une fillette en détresse. On appelle d’ailleurs parfois la femelle aï aï.

Ecouter le cri de la femelle paresseux

Le paresseux dort entre 9 et 18 heures par jour selon les études. En effet, l’animal en captivité semble dormir beaucoup plus longtemps que son congénère vivant en liberté, ce qui fausse les chiffres, sans qu’on en connaisse clairement la raison.

Il ne se reproduit qu’une fois par an, et la gestation dure 10 mois, aux termes desquels un unique bébé naîtra, et vivra accroché au ventre de sa mère une année environ avant de se déplacer tout seul.

Il peut vivre jusqu’à 40 ans à l’état sauvage, mais les spécimens en captivité n’ont jamais dépassé la trentaine. C’est assez étrange puisque c’est généralement l’inverse qui se passe avec les autres animaux, ils vivent plus longtemps en captivité.

2. Les prédateurs du paresseux :

Il possède quelques prédateurs naturels. Les jaguars et les ocelots (chats sauvages) sont les plus dangereux, puisqu’ils les attaquent non pas au sol, mais pendant leur très lente ascension lorsqu’ils regagnent la cime des arbres. Mordus dans la zone lombaire, les paresseux s’accrochent aux arbres pour leur échapper, mais ne peuvent faire aucun mouvement défensif, sous peine de chuter. Ils finissent malheureusement par lâcher prise en mourant d’épuisement ou d’hémorragie. Il est en effet rare que la proie dévorée par ces félins soit encore en vie. Heureusement, d’ailleurs, car le cri de détresse que le paresseux pousse lorsqu’il est ainsi piégé, proche de celui de la femelle en rut, est particulièrement bouleversant.

Photo Paresseux 3 doigts Costa Rica

Paresseux à 3 doigts du Costa Rica

Les serpents sont également redoutables, puisque la morphologie du paresseux, qui le fait ramper maladroitement au sol (un mouvement qui ressemble à de la brasse) ne lui permet pas de se défendre efficacement même si il peut utiliser ses griffes pour blesser, parfois gravement, un agresseur.

Enfin, l’aigle harpie est le seul capable de l’attaquer dans son refuge en haut des arbres. C’est pourquoi le paresseux ne bouge pratiquement jamais de l’arbre où il a vu le jour (86 % des paresseux vivent sur la même branche toute leur vie).

3. Le Paresseux, un animal unique :

Sa structure vertébrale est unique. Contrairement aux quelques 5.000 espèces de mammifères recensés, qui possèdent toutes 7 vertèbres cervicales, le paresseux en possède 6, 8, 9 ou même 10 selon les espèces. Le paresseux à gorge brune du Costa Rica possède 9 vertèbres, ce qui lui permet de tourner la tête à 90 ° des deux côtés, voire plus, pour atteindre au maximum une amplitude de 270 °. De la même façon, il possède des lombaires supplémentaires lui permettant une mobilité du bassin exceptionnelle. Cela le rend extrêmement souple, à tel point qu’il a été observé le cas d’un paresseux ayant fait une chute d’environ 25 mètres de haut sans la moindre séquelle.

Photo Paresseux dans un arbre

Paresseux à gorge brune dans son milieu naturel © Michelle Reback

Malgré la dureté et la rugosité de ses poils, il possède un défaut génétique qui fait que la kératine qui les protège s’affaiblit avec le temps. Plus un paresseux vieillit, plus son pelage est craquelé, et envahi de parasites. Il peut ainsi accueillir des centaines de coléoptères (jusqu’à un millier), voire même de petits papillons, mais également une algue chlorophyllienne (des cyanobactéries), qui nourrit à son tour les acariens dans une forme de symbiose. Cette algue donne au pelage des reflets verdâtres de plus en plus prononcés, et les spécialistes peuvent même estimer l’âge d’un paresseux rien qu’en observant la proportion de vert qu’il présente dans ses poils.

Il possède 18 dents, uniquement des molaires, qui possèdent la particularité d’être presque dépourvues de racines, ce qui les rend mobiles au sein de la gencive, permettant une mastication plus efficace. D’ailleurs, il était encore récemment classé comme sans dents. A noter qu’il est phyllophage (ou folivore), c’est-à-dire qu’il se nourrit exclusivement de feuilles.

Son système immunitaire est étonnamment performant. Il est capable de régénérer son organisme, même à la suite de graves blessures, sans garder la moindre séquelle, ni même la moindre cicatrice. Chair, peau et poils repoussent à l’identique, comme si rien ne s’était produit. Cette faculté avait même été considérée comme un don de régénération par certains scientifiques (comme chez la salamandre ou l’étoile de mer), mais les constatations ont montré qu’il s’agissait simplement d’une cicatrisation incroyablement efficace.

Enfin, malgré sa maladresse au sol, et sa lenteur dans les airs, le paresseux est un excellent nageur, dont la brasse est gracieuse autant que rapide. En effet, ses griffes arrondies constituent des palmes d’une rare efficacité, et son pelage lui sert de combinaison de plongée naturelle.

4. Le Paresseux mythique des peuples précolombiens :

Les mythes précolombiens font une large part au paresseux, d’autant que la présence des premiers paresseux terrestres (cousins des actuelles espèces) est attesté depuis plus de 40.000 ans.

Mais en réalité, ce n’est pas le paresseux actuel qui était vénéré, mais une version idéalisée de son ancêtre direct, l’impressionnant mylodon. Ce mammifère de 3 mètres de haut et pouvant peser jusqu’à 200 kg, possédait une particularité physique qui le rendait particulièrement redoutable : des osthéodermes, c’est-à-dire une peau naturellement osseuse qui constituait un blindage si dur que même les pierres ou les lances n’auraient pu le pénétrer.

Illustration Mylodon Robustus

Illustration représentant des Mylodons Robustus

Il a disparu depuis au moins 8.000 à 10.000 ans, mais les légendes précolombiennes faisaient pourtant état de rencontres avec une créature très semblable, qui une fois dressée sur sa queue ressemblait à un vieil homme couvert de poils. D’après la légende, elle était même dotée de la parole.

De là à en faire une créature surnaturelle, il n’y avait qu’un pas, que les peuples précolombiens avaient franchi bien que l’animal lui-même eût disparu des siècles avant leurs civilisations.

Faut-il croire que le mylodon existait encore du temps des mayas, des aztèques ou des toltèques ? La réponse est non, et la correspondance entre le mylodon et la créature vénérée par ces peuples n’est sans doute qu’une coïncidence. Il est cependant vraisemblable qu’une transmission orale ou picturale de la description de la créature se soit transmise de peuple en peuple, et déformée de telle sorte que l’imposant paresseux terrestre est devenu un mythe. Rappelons que les premiers humains sur le continent Américain ont débarqué autour de l’an – 16.500 (et même – 55.000 selon des sources non encore archéologiquement attestées).

Cela a donné naissance à une mythologie axée sur le paresseux actuel assez variable selon les peuples. Ainsi, cet animal serait soit l’ancêtre de l’humanité, soit une humanité parallèle ayant échappé au fléau qui a détruit les autres créations des Dieux en se réfugiant dans les arbres, soit une réincarnation d’êtres humains punis pour leur paresse.

En tout les cas, le paresseux était une espèce protégée, symbole de longévité et de sagesse. On lui prêtait même un don d’ubiquité (faculté de se trouver à plusieurs endroits en même temps) de par la ressemblance qui liait tous les spécimens.

Sa faculté de guérir de presque tout lui valait également une réputation d’invincibilité. Et la tendance de son pelage à verdir avec le temps avait fait naître la légende d’un « être arbre » qui finissait par fusionner avec la forêt qui l’abritait.

Certaines superstitions s’y attachent encore de nos jours. Ainsi, l’animal étant très craintif, très discret, et ne descendant que très rarement de son arbre, il est synonyme de chance d’en croiser un, de même que d’avoir l’honneur d’entendre le cri (pourtant terrifiant) de la femelle.

De même, trouver le lieu où un paresseux enterre ses excréments est porteur de bonne fortune, puisqu’il est dit que l’animal sélectionne une terre fertile pour y déposer ses besoins, ce qui expliquerait le délai très long qu’il met à se soulager.

Enfin, recueillir un bébé paresseux orphelin apporte richesse et bonheur au foyer.

5. Où voir un Paresseux au Costa Rica :

Il est très présent au Costa Rica, puisqu’on estime sa population moyenne à 10 paresseux par hectare (ce qui classe le pays en première position par rapport à ses voisins).

Photo Paresseux 2 doigts

Paresseux à 2 doigts (choloepus hoffmanni) ©Jsfouche

Cela dit, c’est une moyenne. Il faut pour l’apercevoir se rendre dans les forêts humides (jusqu’à 2.400 mètres d’altitude), et s’armer d’une infinie patience, ou de tous les porte-bonheurs que vous avez sous la main tant l’animal se fait discret.

On peut les observer en grand nombre dans le parc national Corcovado, mais aussi au hasard des routes bordées d’arbres (et même assister à la laborieuse traversée d’un paresseux perdu), ou plus simplement au refuge Aviarios del Caribe « Sloth Sanctuary », situé entre Puerto Limón et Cahuita.

Ce refuge, recueille des paresseux blessés, abandonnés, ou estropiés, inaptes à un retour immédiat (voire définitif) à la vie sauvage. Vous pouvez même en parrainer un ou devenir volontaire pour travailler dans le refuge.

Quoi qu’il en soit, si vous voulez voir un paresseux, mieux vaut vous munir d’un guide expérimenté. Ils sont en effet si discrets et si immobiles qu’ils passent totalement inaperçus dans le paysage. Et ne comptez pas sur la période de rut pour repérer des femelles, elles interrompent leur cri dès qu’elles sentent une présence humaine.

Site officiel du refuge : Sloth Sanctuary

Pour conclure, on peut dire que le paresseux est un animal typique du Costa Rica, extrêmement présent bien que très discret, qui ne s’offrira à votre regard curieux qu’à la condition que vous soyez aussi discret que lui. Craintif et méfiant, il fuit l’Homme et ne se montre qu’à son insu. Mais pouvoir l’observer dans son habitat naturel est un véritable bonheur, dont vous devrez vous montrer digne.

Sachez également que certaines espèces de paresseux sont menacées d’extinction, ce qui n’est heureusement pas le cas du paresseux à gorge brune du Costa Rica.

Si vous voulez observer un paresseux en liberté, prenez le pari de visiter le Costa Rica. Même si les chances sont relativement faibles, elles sont infiniment plus élevées que n’importe où ailleurs dans le monde.

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