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Histoire du Costa Rica : 1573 – 1704 La Vie Coloniale

Depuis la mise en place de la colonisation espagnole du Costa Rica, de très nombreux gouverneurs se sont succédés au cours du XVIème et du XVIIème siècle. Tous n’ont pas laissé une trace impérissable dans l’Histoire. Voici les principaux acteurs politiques de cette période troublée.

Quand Alonso Anguciana de Gamboa prit ses fonctions en 1573, il n’arrivait pas vraiment en terre inconnue. Bien que parachuté à ce poste par le président de la Real Audiencia du Guatemala (l’équivalent de la haute cour de justice), et basé au départ au Nicaragua, il profite du travail de son prédécesseur. Perafán de Rivera.

De plus, le destin rocambolesque du roi Garabito venait de connaître un dénouement peu glorieux, et son empire était en cours de démantèlement.

Pourtant, il prend le contre pied de Rivera, et annule toutes les encomiendas (unités de travail indigènes), afin d’en créer de nouvelles.

En 1570, la province du Costa Rica est officiellement intégrée à la Capitainerie Générale du Guatemala. Cela signifie que le pays passe sous le contrôle de la Real Audiencia, et perd son autonomie. Cependant, de par son éloignement et son organisation décentralisée, l’impact de cette intégration sera très limité.

La politique formatée de Alonso Anguciana de Gamboa, adaptée aux autres provinces, mais totalement incompatible avec le Costa Rica, est un échec cuisant. Les caciques (rois indigènes) refusent son autorité et ses encomiendas ne cessent d’être modifiées, ce qui rend la population furieuse, voire souvent violente. Les peuplades sont sans cesse déplacées, les tribus mélangées, les familles brisées… Et les révoltes sont nombreuses.

Aucun chiffre n’est parvenu jusqu’à la Real Audiencia puisque Gamboa régnait sans partage sur sa province, mais on peut affirmer sans trop s’avancer que de nombreux indigènes ont payé leur rébellion de leur vie. Et lorsqu’il fait emprisonner les franciscains qui menacent de quitter sa province, il va trop loin… La seule réussite sous sa gouvernance sera la fondation en 1563 de la ville de El Guarco, devenue depuis Cartago.

Conquistadors espagnols

Conquistadors espagnols

Il est remplacé le 11 février 1577 par Diego de Artieda Chirino y Uclés, qui était Gobernador Vitalicio de la province depuis 1574 (équivalent de vice-gouverneur, à vie). Sa politique se verra systématiquement contrée par la Real Audiencia. Cet électron libre réussira quand même à fonder la ville de Esparza, mais de par sa trop grande autonomie, il sera condamné en 1589, et rapatrié au Guatemala où il mourut en 1590. On ne sait pas exactement dans quelles conditions, d’ailleurs…

Son successeur, Juan de Peñaranda, n’est resté au pouvoir qu’une seule année. Il ne restera dans l’histoire qu’à travers son fils, qui fondera en 1605 la ville de Santiago de Talamanca, bien que cette ville se verra détruire par les indigènes en 1610…

Autre gouverneur notable : Antonio Álvarez Pereyra. Au pouvoir en 1591, il était d’origine portugaise. Ce qui le rend si particulier est sa descendance, puisque hors mariage, il a fait un ou plusieurs enfants (les sources sont contradictoires) à la princesse de Quipo, Dulcehe, sœur du roi indigène Corrohore. Pour information, cette princesse avait été libérée en 1563 de sa captivité du peuple coctu, qui l’avait enlevée pour des raisons mal définies, par un contingent espagnol et indigène dirigé par Juan Vázquez de Coronado. Comme quoi, les alliances les plus improbables sont possibles.

On peut citer également le gouverneur « tête de mort » appelé également « filou » : Fernando de la Cueva y Escobedo, au pouvoir de 1595 à 1599. Coupable de meurtres, d’exactions, de vols, de viols, de maltraitances, de pillages, et j’en passe, il fut malgré son procès par la Real Audiencia maintenu dans ses fonctions. Il mourra d’ailleurs en cours de mandat.

En 1600, Gonzalo Vázquez de Coronado y Arias Dávila prit le pouvoir à son tour. Il reste célèbre pour la création de la « route des mules », une voie commerciale entre la vallée centrale du pays et la région de Chiriquí.

En 1604, Juan de Ocón y Trillo prend le pouvoir à son tour. Mais lors de la visite de l’évêque don Pedro de Villarreal , il se voit fortement critiqué. Corrompu, violent, et porté sur l’alcool, il quitte la charge de gouverneur en 1613.

Son successeur direct, Juan de Mendoza y Medrano, dut faire face à de nombreuses rébellions dans la région de Tierra Adentro. En 1618, il mena une expédition sanglante dans la région. Il fut même emprisonné par la Real Audiencia.

Détail amusant : ce même Juan de Mendoza y Medrano, pourtant reconnu fautif, déposera un recours en 1622 devant l’inquisition contre son successeur, Alonso del Castillo y Guzmán, pour son expédition dans la même région et les mêmes conditions en 1619. A noter que Guzmán fut absous en 1627 malgré des propos blasphématoires avérés (notamment envers le roi Felipe IV, dont il avait dit qu’il était un jeune homme de mauvais esprit, au jugement malsain, et abruti!).

Juan de Echáuz y Velasco parviendra quant à lui à soumettre les peuples borucas y votos, et fondera deux villes : San Diego de Acuña et San Juan de Calahorra. A noter qu’il était frère de l’Ordre de Malte.

En 1629, Juan de Villalta voulut, selon les ordres de la couronne, rétablir l’impôt de la alcabala (que le Costa Rica ne payait plus depuis 1577) mais les finances de la provinces étaient si catastrophiques que le projet fut abandonné. Il mourut en fonction.

En 1636, Juan Maldonado de Villasante supprima la trésorerie générale du Costa Rica, et la réintégra à celle du Nicaragua.

En 1644, Juan de Chaves y Mendoza posa quelques problèmes à son prédécesseur Gregorio de Sandoval Anaya y González de Alcalá. En effet, il désirait la main de sa belle fille, qui était déjà promise à un autre. Accusé à juste titre d’injures, de calomnies et de dissimulations, il sera condamné par la Real Audiencia.

En 1650, Juan Fernández de Salinas y La Cerda parvint à fédérer le peuple boruca.

Sous le mandat de Andrés Arias Maldonado y Velasco, en 1660, les cantons de Chirripó, Pacaca, Quepo et Turrialba ainsi que la mairie de Suerre furent supprimées et officiellement intégrées à la province du Costa Rica.

En 1662, Rodrigo Arias Maldonado y Góngora, grandement respecté par les indigènes pour son humanité, subit une drôle de mésaventure. Une nuit, sans prévenir, l’intégralité de ses troupes espagnoles l’abandonnent. Seul en milieu prétendument hostile, il se voit escorté par les indigènes de Talamanca vers le plus proche village de Tierra Adentro, afin d’y être évacué sain et sauf. Preuve que les conquistadores étaient parfois véritablement appréciés.

En 1666, Juan Fernández de Salinas y La Cerda édifia le château San Carlos de Austria sur les rives de la rivière San Juan, mais le choix de son implantation ainsi que la mauvaise qualité des matériaux utilisés lui valurent un procès et même une détention en 1667.

Juan López de la Flor y Reinoso fera face en 1666 à l’attaque des pirates Néerlandais Eduard Mansvelt et Anglais Henry Morgan. Le premier sera égorgé par les autorités, tandis que le second continuera ses méfaits dans d’autres territoires.

En 1673, Juan Francisco Sáenz-Vázquez de Quintanilla y Sendín de Sotomayor (qui détient le record du nom le plus long), est nommé à son tour. Il explorera les mines de Santo Cristo de la Victoria de Serradilla, sans succès, et validera l’application des ordonnances de Benito de Novoa Salgado, très favorables aux indigènes. Il dut faire face à une invasion massive de pirates en 1676, et fut même accusé de contrebande en 1678 avant de retrouver sa charge en 1680.

Son successeur, Miguel Gómez de Lara y Brocal, subit l’attaque de nombreux pirates et assista, impuissant, à la mise à feu de la ville de Esparza.

Manuel de Bustamante y Vivero fit repeupler la ville, et fit recenser les indigènes. Mais à Cartago, il dut affronter une révolte fortement organisée qu’il ne put contenir.

Francisco Serrano de Reyna y Céspedes, son successeur, se vit condamné pour commerce illicite avec les Anglais sur la côte de la mer Caraïbe. Destitué, et condamné à de lourdes peines, il se verra de nouveau institué en 1709, mais dans un contexte bien différent…

A noter que durant toute cette période, les gouverneurs étaient liés au Juicio de residencia, littéralement le jugement de résidence. Ce procès à leur encontre était une sorte de bilan de leur action et leur interdisait toute autre action politique tant qu’il n’était pas terminé. Généralement, le juge était le propre successeur du gouverneur concerné, et la peine était une simple amende (parfois très salée cependant). Et jamais la peine maximale ne fut appliquée, à savoir la mort par pendaison.

Pendant tout ce temps, les révoltes indigènes, les organisations locales et les insoumissions permanentes empêchèrent le développement d’une économie de marché fiable, et même, d’une économie locale fonctionnelle. Là où toutes les autres colonies se révélaient rentables (notamment grâce aux métaux précieux), le Costa Rica est alors une simple province, agricole et arriérée.

A l’orée du 18ème siècle, la Couronne Espagnole allait changer à tout jamais le destin des colonies, y compris celle du Costa Rica.

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