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Histoire du Costa Rica : 1949 – 1970 Paix et Progrès

La guerre civile a marqué un tournant, le Costa Rica entre dans une phase de stabilisation politique avec des présidents élus en toute transparence. Les réformes, l’organisation administrative, les progrès sociaux et le développement économique iront de bon train durant ces vingts années.

1. Otilio Ulate Blanco, le progrès en marche :
2. José Figueres Ferrer, fondateur du Costa Rica Moderne :
3. Mario Echandi Jiménez, dans la continuité :
4. Francisco Orlich Bolmarcich, le progressiste :
5. José Joaquín Trejos Fernández, « président aux mains propres » :

1. Otilio Ulate Blanco, le progrès en marche :

Après un bref mandat de 18 mois, et conformément au calendrier souhaité, la Junte Fondatrice de la Seconde République, dirigée par José Figueres Ferrer, cède le pouvoir pacifiquement en 1949, non sans avoir abrogé l’armée du pays. Le 7 novembre 1949, la seconde république accueillit donc comme premier président Otilio Ulate Blanco. Son administration sera caractérisée par une excellente gestion économique, et de grandes avancées en matière des droits de l’Homme.

Fondation de la Banque Centrale du Costa Rica (pour gérer les finances du pays et limiter la corruption), du Conseil National de la Production (pour éviter la surproduction et assurer les cours du marché), du Centre de Contrôle Général de la République (pour empêcher les fraudes électorales), création du Conseil Supérieur de l’Éducation (pour améliorer la formation des professeurs), et également, début de la phase de construction de l’aéroport Juan Santamaría, et il accordera également dès les premiers mois de son mandat le droit de vote aux femmes, dès 18 ans. Son gouvernement sera très productif sur le plan économique et social.

Il instaurera aussi le principe du treizième mois, mesure restée célèbre sous le nom de « Ley del Aguilnado » (loi des étrennes), mais alors limité à certaines catégories de personnes. Une parenthèse est nécessaire concernant cet « aguilnado ». Cette tradition, venue du Mexique, accorde aux employés une indemnité exceptionnelle, correspondant à un mois de salaire, et versée deux ou trois jours avant noël. Ce treizième mois a cependant un sens différent en Amérique.  Le mot Espagnol correct est « aguinaldo », mais il a été introduit dans les colonies il y a tellement longtemps qu’il a été déformé par l’ensemble de la population. Bien sûr, lorsque ce mot est arrivé sur le sol Américain, il ne désignait pas un treizième mois, ni même des étrennes, mais tout simplement les vœux pieux du Vatican pour l’année à venir, une sorte de slogan résumé en quelques mots. Et lorsque l’aguilnado a été voté au Costa Rica, c’était dans l’idée de respecter la tradition catholique du pays, dans un esprit de charité chrétienne.

D’ailleurs, cette loi était plus un impôt inversé qu’une négociation, puisqu‘elle obligeait le patronat à verser cette indemnité, sans qu’il n’y ait eu aucune concertation, ni aucune négociation. C’est le seul trait autoritaire du mandant d’Ulate Blanco, mais personne ne lui en tient rigueur. Il sera d’ailleurs désigné Benemérito de la Patria en 1974.  Seul petit bémol : la ley de aguilnado ne s’appliquait alors qu’aux fonctionnaires, aux membres des assemblées législatives et exécutives, ainsi qu’aux pensionnés d’état et aux journaliers (travailleurs pays à la journée, ou selon un principe de panier correspondant à un certain nombre de jours).

2. José Figueres Ferrer, fondateur du Costa Rica Moderne :

Le 7 novembre 1953, c’est à l’issue d’une élection totalement transparente, et à la légalité indiscutable que José Figueres Ferrer, l’ancien dissident exilé, accède au pouvoir. Ce héros de la guerre civile, grand résistant, avait fondé le parti de libération nationale, et c’est ce parti, d’influence grandissante, qui lui permit d’endosser la plus haute charge du pays. Historiquement, ce n’est pas son passé de résistant que l’on retient, mais bien son action en tant que président. Considéré comme le fondateur du Costa Rica moderne, on lui doit en effet d’innombrables réalisations.

Pour faire simple, car la liste serait aussi fastidieuse qu’impossible à dresser, c’est lui qui créa la quasi totalité des ministères et des institutions autonomes qui existent encore aujourd’hui. L’un de ses actes politiques et symboliques majeurs sera la destruction de l’ancien Palais National, qui était le siège du pouvoir législatif, tristement célèbre pour ses nombreux manquements aux règles d’indépendance dans les années précédentes.

Et, toujours de façon symbolique, il fit rétablir le calendrier électoral, et fixa la date de sa succession au 8 mai 1958. Ce qui, au départ, créa un climat de tension au sein de la classe politique, puisqu’il aurait dû théoriquement quitter le pouvoir le 7 novembre 1957. En réalité, ce choix de calendrier avait pour but d’effacer la guerre civile, et le basculement vers la seconde république des institutions, et non une volonté de s’accrocher au pouvoir. Il sera reconnu Benemérito de la Patria le 12 novembre 1990.

3. Mario Echandi Jiménez, dans la continuité :

Pourtant, le 8 mai 1958, c’est un candidat de l’opposition, Mario Echandi Jiménez, qui devient président de la République, à la surprise générale. La raison de l’échec du parti de Figueres Ferrer est une scission interne intervenue un an avant l’élection. Sans la présentation d’un autre candidat par les dissidents du parti de Libération Nationale, c’est le candidat officiel du parti, Francisco Orlich Bolmarcich, qui aurait dû remporter la majorité des suffrages avec près de 16.000 voix d’avance…

Mario Echandi Jiménez

Mario Echandi Jiménez

Echandi Jiménez améliora considérablement le réseau routier du pays et l’éducation notamment en favorisant l’installation d’écoles catholiques. Il est également à l’origine de la loi de développement et de création industriels, et, malgré lui, fit étendre le champ d’application de la loi de l’aguilnado à l’ensemble des travailleurs (puisqu’après y avoir été favorable, il tenta d’y apposer son veto, sans succès). On lui doit aussi l’Institut des Terres et de la Colonisation qui permit à de petits producteurs de devenir propriétaires de leurs parcelles de terrains, et la création du Service National des Aqueducs et des Égouts pour améliorer l’accès à l’eau potable.

Et d’un point de vue politique, on lui reconnaît deux actes majeurs : la rupture des liens diplomatiques avec Cuba (en raison du régime de Fidel Castro) et la réconciliation nationale, symbolisée par l’autorisation du retour au pays de Rafael Angel Calderón Guardia qui était pourtant à l’origine de la guerre civile de 1948).

4. Francisco Orlich Bolmarcich, le progressiste :

Le 8 mai 1962, c’est le candidat malheureux de l’élection précédente, ancien favori des suffrages et protégé de Figueres Ferrer qui accède au pouvoir.  Francisco Orlich Bolmarcich avait pourtant dans ce scrutin un adversaire de poids, en la personne de Rafael Angel Calderón Guardia. Malgré sa responsabilité dans le conflit meurtrier de 1948, et son exil, Calderón Guardia a en effet à nouveau tenté sa chance, mais au final, près de 60.000 voix lui feront défaut pour revenir au pouvoir.

Orlich Bolmarcich sera un président progressiste, et en quelque sorte visionnaire, puisque son administration visait le développement à long terme. Ainsi, le Costa Rica fut intégré au marché commun centro-américain (El Mercado Común Centroamericano, ou MCCA), rejoignant ainsi le Salvador, le Honduras et le Nicaragua comme interlocuteurs privilégiés avec les USA, améliorant considérablement l’industrie du pays. Il fondit également l’Hôpital National des Enfants, destiné à améliorer la prise en charge sanitaire des enfants, bien sûr, mais également des orphelins et des pupilles de la nation, ainsi que l’Institut National de l’Apprentissage, afin de développer les filières agricoles et commerciales.

Il dut également faire face aux conséquences, heureusement limitées, de l’éruption prolongée du volcan Irazú. Il n’eut d’ailleurs pas vraiment de chance d’un point de vue chronologique, puisque cette pluie continue de cendres sur certaines zones du pays dura de 1963 à 1965, soit à peu de choses près durant l’intégralité de son mandat. Orlich Bolmarcich sera reconu Benemérito de la Patria le 30 avril 1977, soit à peine 11 ans après la fin de son gouvernement, un délai record pour une si grande distinction.

5. José Joaquín Trejos Fernández, « président aux mains propres » :

Le 8 mai 1966, c’est un nouveau venu dans la politique, un économiste du nom de José Joaquín Trejos Fernández, qui accède au pouvoir de justesse. Représentant un parti nommé Unification Nationale, issu d’une fusion des principaux partis de droite, il remporte le scrutin avec seulement 4.000 voix d’avance. Le parti Libération Nationale de Ferrer reste cependant majoritaire à l’Assemblée Législative, mais avec seulement trois députés de plus.

Photo de Jose Joaquin Trejos Fernandez

Jose Joaquin Trejos Fernandez

D’un grande efficacité, et d’une droiture irréprochable, Trejos Fernández est surnommé par les livres d’histoire « el presidente de manos limpias », le président aux mains propres. Son administration, influencée par le libéralisme, et teintée de religion catholique, permettra un développement économique particulièrement haut. La nationalisation de l’entreprise de fourniture d’électricité Electric Bond and Share Company en est un bon exemple. Plutôt que d’exproprier les entrepreneurs de cette firme, il fit racheter leurs parts via un fonds d’investissement public, et transforma une entreprise commerciale en un service public, sous le nom de Compañía Nacional de Fuerza y Luz ( la compagnie nationale de l’énergie et de la lumière, « fuerza » étant un faux ami traduit littéralement de l’anglais « power).

Il est également à l’origine de l’Institut Technologique National (qui sera approuvé lors du mandat de son successeur), de l’École Normale Supérieure, et de diverses lois et réformes.  Loi de développement des communautés, loi sur les associations corporatistes, loi d’assurance des récoltes, loi du système national d’épargne et de prêt, code municipal et code pénal, Trejos Fernández fut très productif sur le plan législatif. Mais peut-être un peu trop…

L’un de ses principaux échecs fut sa tentative de privatisation de la banque centrale. Et sa mesure la plus impopulaire reste sans conteste l’instauration d’un impôt sur les ventes, une sorte de TVA destinée à réduire le déficit budgétaire lié aux administrations précédentes. D’autant que dans un premier temps, il s’était opposé à cette proposition issue de son gouvernement, avant de finalement l’accepter. Le bilan de son administration reste pourtant globalement très positif, et le Costa Rica était alors en plein essor économique, industriel et social.

Et le 8 mai 1970, c’est un personnage bien connu qui fait son retour à la plus haute marche du pays, José Figueres Ferrer. Une nouvelle boucle se termine ainsi, mais cette fois-ci, c’est une ère de paix et de progrès qui s’achève.

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