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L’oiseau Yigüïrro, emblème du Costa Rica

L’un des emblèmes national les plus célèbres du Costa Rica est un oiseau, le Yigüïrro, appelé également merle brun ou encore merle fauve. Sa principale caractéristique est son bec jaune, et ses yeux rougeâtres, qui le différencient de toutes les autres espèces de merles.

Ce petit passereau mesure environ 24 cm et ne pèse pas plus de 76 grammes. On le trouve sur l’ensemble du territoire Costaricien, principalement dans les plaines, mais on a pu l’observer jusqu’à près de 2.500 mètres d’altitude. Ce n’est pourtant pas ce qui fait son importance, et donc son symbolisme.

L'oiseau Yigüïrro, emblème du Costa Rica

L’oiseau Yigüïrro, emblème du Costa Rica © Una

L’important chez le Turdus Grayi, son nom scientifique, c’est son chant. D’ailleurs, le nom indigène Yigüïrro est une onomatopée transcrivant de façon approximative son cri. Il est intéressant de noter que ce cri particulier est celui qu’il émet quand il défend son nid, preuve que l’oiseau a été nommé suite à observation directe d’oiseaux en cours de reproduction.

Le son rugueux et nasillard qu’il produit, bien que très peu harmonieux à l’oreille, est un bonheur à entendre pour tout citoyen. Retentissant à travers tout le pays à partir du mois de mai, il annonce avec quelques semaines d’avance l’arrivée des fortes pluies, indispensables à la culture mais également au renouvellement des nappes phréatiques.

Ecouter le Chant du Yiguirro

C’est en 1977 que le Costa Rica l’a élu oiseau national parmi plusieurs candidats. Deux facteurs ont fait pencher la balance en sa faveur. D’abord, comme il est présent sur tout le territoire, son chant est familier à tous les habitants, ce qui en fait un lien vivant entre tous les citoyens. D’autant plus que sa présence est attestée depuis des temps immémoriaux.

La deuxième raison, bien plus basique, est la tendance de ce petit passereau à faire son nid dans les maisons, dans les combles, dans les granges, bref au contact presque direct avec l’habitant. Un peu comme les hirondelles, dont le nid est symbole de bonne fortune en France quand il s’installe dans une maison, le Yigüïrro, symbole de fertilité, est un porte bonheur quand il choisit une habitation pour se reproduire.

Pourtant, il faut avouer que ce volatile n’est pas particulièrement « sympathique ». En plus de son chant disgracieux et lancinant, il se montre assez agressif en période de couvée, y compris envers l’homme (ce qui est somme toute normal). Le mâle, durant cette période, chante en permanence, du matin au soir, parfois même la nuit, pour éloigner tout agresseur potentiel. C’est d’ailleurs la seule période où on peut l’entendre, puisque c’est bien la femelle qui annonce la saison des pluies.

Comme on peut l’imaginer, le chant du mâle est encore plus guttural, et donc encore plus désagréable. Il est pourtant très apprécié, puisqu’il signifie une nidification réussie. En d’autres termes, si le mâle chante, c’est qu’il garde un nid, et que la sauvegarde de l’espèce est assurée pour l’année suivante, ce qui permettra de prédire à coup sûr la saison des pluies à venir.

Mais le Yigüïrro n’est pas à proprement parler un gentil oiseau… Il s’attaque régulièrement à une autre espèce, le geai enfumé (Psilorhinus morio). Cet autre passereau, de la famille des corneilles, est pourtant plus grand (une quarantaine de centimètres en moyenne, soit près du double).

Geai Enfumé

Geai Enfumé – Photo © Alain Eckert

On suppose que c’est pour des raisons territoriales que cet autre passereau est victime de l’agressivité du merle brun, et cela se traduit par des raids contre les nids ennemis. Le Yigüïrro va jusqu’à utiliser son bec comme arme, pour percer les œufs de l’adversaire, voire même pour frapper le geai enfumé en tentant de l’éborgner.

Il faut dire que la population de geais enfumés est en augmentation constante, et que les nids sont beaucoup moins bien cachés que ceux du Yigüïrro, bien que moins grossiers.

Le nid du merle brun est une sorte de grosse boule constituée d’une couche de boue couverte de racines et de débris végétaux. La ponte intervient entre le mois de mars et le mois de juillet, avec parfois deux nidifications en une seule saison.

Les œufs, au nombre de 2 ou 3, voire 4, sont bleu clair, avec des tâches rousses les rendant particulièrement brillants. Pourtant, cachés au tréfonds d’une boue sombre, ils sont pratiquement indétectables. D’autant que le Yigüïrro choisit toujours un endroit très discret pour y établir son nid, le creux d’un arbre, le coin d’une fenêtre, l’angle d’un toit, ou le croisement de deux branches, par exemple.

Une fois adulte, il rend de multiples services, puisqu’il dévore vers, limaces et larves d’insectes en grand nombre. Il mange également de nombreux fruits, dont il assure la dissémination des graines.

Pour résumer, bien qu’il s’agisse d’un oiseau relativement agressif, et qu’il possède un chant plutôt désagréable, le Yigüïrro est très apprécié par la population. Lien vivant entre le passé et le présent, prophète de la saison des pluies, porte bonheur et anti-parasite naturel, il symbolise pour le Costa Rica, où l’agriculture est primordiale, la fertilité à jamais renouvelée.

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Commentaires (2)

  • Coralie

    Très intéressant ! J’aurais pensé que l’oiseau symbole aurait été un peu plus « coloré » et peut-être moins « banale » si on peut dire ça. J’aurais alors plutôt pensé au Quetzal, comme au Guatemala.
    Mais c’est intéressant le fait qu’il ait été choisi parce qu’il est familier aux habitants et non parce qu’il est rare et menacé !

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  • cendrine

    Je vois cet oiseau si souvent dans notre Finca mais j’étais loin de penser que si petit il est agressif.
    Et je l’ai souvent confondue avec la Paloma qui lui ressemble.
    J’aime beaucoup photographier tous ces oiseaux puis les répertorier et les faire partager sur mon blog.
    J’ai des photos d’oiseaux du Costa faite dans notre jardin dont je ne connait pas le nom peut être pourriez vous m’aider à mieux les connaître.

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