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Juan Santamaría : Héros national du Costa Rica

Juan Santamaría est un héros national au Costa Rica mais c’est aussi un personnage entouré de mystère. On ne sait pratiquement rien de ses origines, de son enfance ou de son adolescence…

Sa date de naissance officiellement admise, le 29 août 1831, est purement conventionnelle. En réalité, on ne peut être certain qu’elle soit exacte.

De même que sa filiation. On le prétend né de père inconnu ; il pourrait être le fils du propre frère de sa mère, ou encore issu d’une relation tarifée…

Tout ce dont on est sûrs, c’est de son lieu de naissance : la ville d’Alajuela, capitale de la province du même nom. Et également de sa très modeste situation.

Monument à la gloire de Juan Santamaria à Alajuela

Monument à la gloire de Juan Santamaria à Alajuela © Blake Martin

Il faut comprendre qu’une mère célibataire était une chose particulièrement rejetée par la société de l’époque, pétrie d’une morale essentiellement religieuse. Madame Santamaría n’a sans doute pas eu une vie facile. Et bien des historiens pensent qu’elle se prostituait pour subsister, ce qui expliquerait en grande partie les zones de flou entourant la vie de Juan.

Il s’engage dans l’armée en tant que tambour pour échapper à son quotidien. Pour information, le tambour a un rôle essentiel dans le déplacement des troupes puisqu’à l’instar de son homologue présent sur les antiques galères, c’est lui qui imprime le rythme de marche.

Sa coiffure en brosse, très raide, lui vaut le surnom de « el erizo » (le hérisson). Mais là encore, les interprétations divergent, et certains pensent que ce nom était lié à son manque de courage…

Pourtant, son destin bascule en 1856 quand il croise la route du terrible William Walker.

Ce sombre médecin, flibustier et soldat mercenaire, né à Nashville dans le Tennessee (Etats-Unis), s’était mis en tête de conquérir toute l’Amérique latine afin de fonder un empire colonialiste et esclavagiste.

Après une première expédition ratée sur les terres du Mexique en 1853, Walker parvient à profiter de la guerre civile au Nicaragua pour s’emparer de la capitale. Fort de son succès, il lance une campagne de recrutement afin de s’attaquer à ses autres cibles, dont le Costa Rica.

Mais une querelle d’influence économique va compliquer les choses. Le lac Nicaragua était à l’époque le pivot du trafic de marchandises entre New York et San Francisco. Or le président de la société Accessory Transit Company, gestionnaire de la route commerciale, est opposé aux projets d’invasion de Walker, contrairement à ses associés.

Afin d’empêcher le projet d’aboutir, il va fournir armes et matériel à la coalition formée par le Honduras et le Costa Rica. Début avril 1856, les troupes parviennent à vaincre un détachement basé à Santa Rosa (dans le Guanacaste), puis pénètrent au Nicaragua. Mais le régiment dont fait partie Santamaría voit sa progression interrompue à Rivas, capitale du département du même nom, à peine à quelques centaines de kilomètres de la frontière.

Perchés en haut d’une colline, les hommes de Walker se sont emparés d’une petite auberge, un restaurant qui a l’avantage d’être placé en hauteur, ce qui donne un avantage stratégique indéniable aux mercenaires. Les historiens s’opposent sur la nature du bâtiment. S’agissait-il d’un fort militaire abandonné, comme le prétendent certains ?

Toujours est-il que la situation semblait désespérée. A tel point que le seul plan envisagé par le général José María Cañas était une mission suicide ! Un soldat, seul, pour tromper la vigilance des hommes de Walker, devait s’avancer jusqu’aux portes de l’édifice et y mettre le feu à l’aide d’une simple torche.

Les versions divergent à nouveau… Plusieurs soldats ont-ils échoué avant que Juan ne se propose, ou était-il le seul candidat ?

D’après la légende, il accepta la mission à la condition expresse qu’en cas de décès, l’État prenne sa mère à sa charge. Il s’avança, seul face à l’ennemi, mais une balle le toucha avant qu’il soit parvenu à jusqu’à l’auberge. Pourtant, il parvint à lancer sa torche suffisamment loin pour réussir.

Le bâtiment pris feu, et les troupes de Walker s’enfuirent… Santamaría mourut le 11 avril 1856, à seulement 24 ans. Et sa mère toucha finalement une pension de la part des autorités à partir de l’année suivante.

Statue de Juan Santamaria la torche à la main

Statue de Juan Santamaria la torche à la main © Marlon OB

Pour information, William Walker s’autoproclamera président du Nicaragua trois mois plus tard avant d’abdiquer le 1er mai 1857. Il sera finalement fusillé le 12 septembre 1860 à Trujillo par les autorités du Honduras.

Ce ne sera qu’en 1891 que la figure de Juan Santamaría, mort dans la plus grande indifférence, sera exhumé par les historiens du Costa Rica, en manque d’éléments croustillants pour bâtir la légende militaire du pays. Et c’est bien ce qui pose problème.

Le peu d’éléments à disposition concernant la vie de Santamaría a laissé libre cours à l’idéalisation du personnage. En réalité, même les conditions de sa mort ont été romancées, à tel point qu’aucune certitude ne peut être établie.

Certains historiens vont même jusqu’à douter qu’il ait jamais existé un Juan Santamaría… même si des archives gouvernementales montrent qu’une pension a été versé à la mère de Santamaria.

Toujours est-il que son image a traversé les siècles, et que le 11 avril, jour férié, est célébré dans tout le pays. Une statue sur la place centrale, et un musée national lui rendent hommage à Alajuela, et l’aéroport international de San José porte son nom. Son histoire, largement teintée de patriotisme, est enseignée dans les écoles comme un évènement fondateur de la nation.

On ne saura probablement jamais éclairer les zones d’ombre entourant cette légende, mais d’un point de vue symbolique, Juan Santamaría mérite son statut de héros national. Il est cependant curieux qu’un pays entièrement démilitarisé ait choisi un soldat comme symbole de la nation…

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