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Histoire du Costa Rica : 1808 – 1847 L’Indépendance

En 1808, au moment du déclin de la couronne Espagnole, l’empire du nouveau monde régnait sur quatre vice royaumes, et plus de 17 millions d’habitants. Moins de 15 ans plus tard, seuls Cuba et Porto Rico resteront sous domination Espagnole… L’histoire a retenu le 15 septembre 1821 comme date de l’indépendance du Costa Rica, nous allons voir que la réalité est légèrement différente.

1. Je ne suis pas espagnol, je suis américain :
2. L’indépendance du Costa Rica :
3. L’instabilité de la vie politique :

1. Je ne suis pas espagnol, je suis américain :

Pour bien comprendre ce qu’il s’est passé, une phrase suffit, une sorte de slogan qui a guidé tous les peuples des colonies : « Yo no soy español, soy americano ».

Ce « Je ne suis pas espagnol, je suis américain » est le reflet d’une prise de conscience d’une identité propre qui n’a rien à voir avec la lointaine Espagne.

Au fil du temps, en plus de trois siècles d’occupation, les colons se sont constitué une culture qui était devenue incompatible avec celle des Espagnols, et plus personne ne reconnaissait l’autorité de la couronne.

A cela s’ajoute une politique désastreuse destinée à priver les colonies de toute liberté, notamment commerciale, afin de les maintenir dans un état de dépendance constant.

Les révoltes ont été appuyées par les populations indigènes, et furent souvent violentes, et sanglantes.

Mais contrairement aux autres pays latino-américains, le Costa Rica s’est libéré presque sans le moindre combat.

2. L’indépendance du Costa Rica :

Le 15 septembre 1821, le Guatemala, le Salvador, le Honduras et le Nicaragua proclament leur indépendance. Dans la foulée, le Costa Rica est inclus à la liste, mais sans le savoir.

Ce fait incroyable créé un vide historique de près d’un mois . Ce n’est que le 13 ou le 14 octobre 1821, selon les sources, que les Costariciens seront avisés de leur indépendance.

Une réunion extraordinaire est organisée entre les représentants du peuple et ceux des principaux partis politiques. Enfin, après avoir obtenu le désarmement totale de l’armée Espagnole, l’acte d’indépendance est signée le 29 octobre 1821 qui ne sera appliqué que le 1er novembre. La date historique de l’indépendance est donc faussée.

Le Costa Rica se dote également d’un 1er drapeau officiel (historique des drapeaux du Costa Rica).

Premier drapeau du Costa Rica libre 1821 - 1823

Premier drapeau du Costa Rica libre 1821 – 1823

Voici la traduction de l’acte d’indépendance en lui-même :

« Dans la ville de Cartago le vingt-neuf du mois d’octobre de mille huit-cents vingt-et-un suite aux prémisses des nouvelles plausibles que s’est jurée l’indépendance dans la Capitale du Mexique et à la Proa au Nicaragua. Réunis en session extraordinaire et ouverte la Très Noble et Loyale Mairie de cette ville, Messieurs le vicaire et le curé recteur, le Ministre des Biens Publics, d’innombrables personnes notables et du peuple, ont été lus les offices et l’arrêt de Monsieur le Chef Politique Supérieur Don Miguel González Saravia du 11 et 18 du mois en cours dans lesquels conformément au vote des partis du Nicaragua fut jurée à León le jour 11 du même mois l’indépendance absolue de la gouvernance Espagnole selon le plan qu’adoptera l’empire du Mexique. Ayant lu également un manifeste du Guatemala sur le Véritable aspect de son indépendance, par vote unanime de tous les assesseurs, il fut conclu ce qui suit :

1 : Qu’on publie et proclame solennellement le jeudi premier novembre l’indépendance absolue du Gouvernement Espagnol.

2 : Qu’on observe parfaitement la Constitution et les lois que promulguera l’empire du Mexique dans l’idée convaincue que dans l’adoption de ce plan réside le bonheur et les véritables intérêts de cette province

3 : Qu’on procède immédiatement à recevoir le serment correspondant de Monsieur le Chef Politique Supérieur, de la Très Noble et Loyale Mairie, du sus-nommé vicaire don Pedro Alvarado et curé recteur, du Ministre des Biens Publics don Manuel García Escalante et selon l’article 1, de toute autorité

4 : Que cet accord avec insertion des articles du décret de Monsieur le Chef Politique Supérieur soit publié par décret

5 : Immédiatement, le Chef Politique Subalterne prêta serment sous l’autorité de Monsieur le Maire et de la Très Noble Mairie, du vicaire ecclésiastique, du curé recteur, des ecclésiastiques présents dépositaires des Biens placés sous l’autorité du sus-nommé Chef. Ils signèrent en bas de page devant moi, désigné ci-dessous le Secrétaire, ce que je certifie. »

3. L’instabilité de la vie politique :

Le Costa Rica fera partie pendant peu de temps de l’Empire du Mexique fondé par Agustín Cosme Damián de Iturbide y Arámburu, alias Agustin I. Ce grand projet, mal mené, calqué sur la destinée de Napoléon Bonaparte, sera un échec cuisant.

Les conservateurs de Cartago et Heredia, favorables à une alliance avec le Mexique, et les libéraux de San Jose et d’Alajuela qui souhaitent l’indépendance vont s’affronter dans une véritable guerre civile. Le conflit prendra fin le 5 avril 1823 lors de la bataille d’Ochomogo. Une bataille sans grande ampleur militaire, mais qui aura des répercussions énormes sur le destin du Costa Rica.

Les impérialistes pro-mexicains, vaincus, renoncent à leurs prétentions. La victoire des libéraux entraîne donc un éloignement du Mexique, l’adhésion aux Provinces Unies d’Amérique Centrale et le transfert de la capitale de Cartago vers San Jose, mais également la nomination du premier dirigeant du pays, à savoir le chef des armées libérales : Gregorio José Ramírez Castro.

Gregorio José Ramírez y Castro

Gregorio José Ramírez y Castro, 1er dirigeant du Costa Rica

Événement majeur, bien que sans conséquences politiques réelles puisque ce dernier abdique dès le 16 avril pour remettre le pouvoir entre les mains d’une assemblée constituante… Assemblée qui décrétera le 17 avril 1824 l’abolition de l’esclavage (suivie de près par le Honduras, le Belize, le Panama, le Salvador et le Guatemala une semaine plus tard, soit le 23 avril).

Le premier dirigeant élu du pays, Juan Mora Fernández, mènera une politique libérale de 1825 à 1833, avec notamment une gestion particulière des terres qui aboutira à créer une caste privilégiée parmi les producteurs de café, caste qui aura une influence politique majeure. Un véritable lobby…

Le dirigeant suivant, José Rafael Gallegos Alvarado, ne restera au pouvoir qu’une seule année. Une courte transition sera assurée par Agustin Gutiérrez Lizauzábal, puis par Juan José Arias (qui ne garda le pouvoir qu’une quinzaine de jours!) et enfin par Juan Manuel Fernández Chacón (qui ne dura qu’environ un mois et demi).

Une nouvelle guerre civile éclate en 1835… Le Costa Rica, alors dirigé par Braulio Carillo Colina., en profite pour annexer la province de Guanancaste, alors aux mains du Nicaragua.

Il s’en suit une nouvelle période d’instabilité politique intense. Joaquin Mora Fernández ne détiendra le pouvoir que pendant un mois et demi. Quant à Manuel Aguilar Chacón, élu pour 4 ans le 17 avril 1837, il ne finira pas son mandat et sera renversé le 27 mai 1838 par Braulio Carillo Colina, qui fera son grand retour sur la scène politique. Devant le constat d’échec des Provinces Unies d’Amérique Centrale, devenues entre temps la République Fédérale d’Amérique Centrale, le pays s’en retire et proclame (à nouveau) son indépendance.

Une suite de chefs d’état plus ou moins sérieux suivra. Dans l’ordre : Francisco Morazán Quesada (pendant 5 mois en 1842), Antonio Pinto Suárez (pendant 16 jours, toujours en 1842), José Maria Alfaro Zamora (pendant un peu plus de deux ans, jusqu’en novembre 1844), Francisco Maria Oreamuno Bonilla (élu pour 4 ans en 1844, mais qui renonça à sa charge en décembre 1844, soit à peine un mois après son élection), Rafael Moya Murillo (jusqu’en avril 1845), José Rafael Gallegos Alvarado (jusqu’en juin 1846) et enfin suite à un coup d’état, José Maria Alfaro Zamora (jusqu’au 8 mai 1847, date des premières élections présidentielles du pays).

Soit pas moins de 11 chefs d’état en à peine 18 ans, marqués par deux guerres civiles et un coup d’état. On peut le constater sans peine : le pays était encore très instable !

Tous ces dirigeants successifs ont pourtant mené une politique presque identique, développant à grands renforts de subventions et d’expropriations la culture du café afin d ‘assurer l’indépendance économique du pays.

A noter qu’à plusieurs reprises, la Costa Rica s’est vu doté de deux chefs d’état (notamment entre 1844 et 1845 avec la direction à deux têtes Francisco Maria Oreamuno Bonilla / Rafael Moya Murillo )… L’un, élu mais ayant renoncé à sa charge, donc sans activité politique, l’autre élu en intérimaire, mais pour un CDI qui se changera finalement en CDD. Cette coutume ne disparaîtra pas avec le temps, et la stabilité politique du pays ne sera pas assurée avant des décennies. L’avènement de la république n’y changera rien…

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Commentaires (2)

  • dominique

    Bonsoir

    Votre site est passionnant et très bien fait.
    Pour l’histoire, mouvementée, je reste sur ma faim… que se passe-t-il après 1902 ?
    Pouvez-vous me donner des liens à consulter sur internet ?
    Merci et bravo pour votre site

    Dominique

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  • Greg de Costa-Rica.fr

    Bonsoir, Dominique, et merci pour ces encouragements qui nous vont droit au coeur.

    Comme vous le soulignez, l’histoire de ce pays est très mouvementée, et demande donc un travail important. Patience, donc, pour connaître la suite de ce feuilleton historique à rebondissements.

    Nous travaillons constamment pour offrir le contenu le plus riche et le plus complet sur ce fascinant pays.

    Notre but n’est donc pas de proposer des liens pour égarer le visiteur curieux, mais bien de lui fournir l’explication la plus claire possible, et ce quel que soit le domaine abordé.

    Laissez-nous le temps nécessaire, et nous rassasierons votre soif de connaissances.

    Amicalement, Greg

    PS: nous vous informerons par email lors de la publication du prochain article.

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