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Histoire du Costa Rica : 1522 La Colonisation Espagnole

C’est finalement en 1522 qu’un certain Gil González Dávila transmit les premières informations à la couronne. C’est la date que l’histoire a retenu pour la fondation de la première colonie Costaricienne.

En réalité, les faits sont plus complexes.

A la suite d’importantes avaries, la mission de Dávila s’interrompit au Panama, après seulement quatre jours de navigation. En longeant à pied la côté, Dávila a effectivement effleuré le territoire du Costa Rica, mais sans s’y arrêter un seul instant. Son but était le Nicaragua, et le Honduras, plus au sud, deux pays qu’il finit par conquérir.

Le 8 mars 1535, l’Espagne fonda le Vice Royaume d’Espagne, destiné à gérer les ressources des colonies. Sa capitale était Mexico. Mais l’accroissement rapide du territoire à contrôler obligea la Couronne à se doter d’un autre organe de contrôle.

Ce fut seulement en 1539 que Hernán Sánchez de Badajoz reçut l’autorisation officielle d’explorer le territoire de l’actuel Costa Rica. Il faut dire que dès le départ, les explorateurs avaient remarqué la pauvreté minière des terres, et donc leur manque d’intérêt.

Routes des explorations des conquistadors espagnols au Costa Rica

Routes des explorations des conquistadors espagnols au Costa Rica ©Ralgis

En ce sens, les conquistadors ont été très déçu par ce que l’actuel Costa Rica avait à offrir. Là où la conquête des territoires aztèques, mayas et incas leur avaient fourni des métaux précieux en abondance, tout ce que cette terre avait en son sein, c’était un sol très fertile. Les quantités de richesses attendues furent en réalité dérisoires. Ce qui explique d’ailleurs le délai de près de 60 ans qui sépare la découverte des lieux et leur véritable colonisation, mais également le peu d’intérêt qu’elle suscite auprès de la couronne Espagnole. Ce qui lui vaudra par ailleurs un destin hors du commun parmi toutes les colonies.

En 1540, donc, elle fonda la Capitainerie Générale du Guatemala afin d’administrer de manière centralisée les territoires correspondant aujourd’hui au Guatemala, bien sûr, mais également à Belize, au Salvador, au Honduras, au Chiapas Mexicain ainsi qu’au Costa Rica. En réalité, le pays n’y sera intégré qu’en 1574, quand les premières colonies seront véritablement opérationnelles.

L’ensemble de cette zone était soumise à une seule autorité militaire, celle du capitaine général, agissant au nom de la couronne, ce qui lui octroyait un pouvoir absolu.

De la même façon, une seule autorité judiciaire, celle de l’Audiencia, s’appliquait à tous.

Cette toute puissance sera la cause première de la future perte de l’ensemble des colonies Espagnoles…

Le pays était alors appelée « la côte de verdure », avant de devenir « la courte côte de verdure » (quand les explorateurs se sont rendu compte que seule une partie du rivage était fertile), puis « la nouvelle Carthage et Côte riche » en 1570. Ce ne fut que plus tard que le terme final de « Côte riche » fut seul employé.

En 1561, sur ordre de l’Audiencia du Guatemala, Juan de Cavallón Arboleda et le père Juan de Estrada Rávago menèrent à terme la première véritable colonisation du pays. C’est cette même année que Juan Vázquez de Coronado atteint le plateau central. C’est lui qui est aujourd’hui considéré comme le fondateur du Costa Rica. A noter que le pays aurait très bien pu s’appeler « la Coronade ».

L’évangélisation des populations nouvellement découvertes était une priorité. C’est malheureusement une partie de ce que les historiens nomment la « légende noire » de l’Espagne. Si les « caciques » (rois indigènes) ne se soumettaient pas pacifiquement, la religion permettait une « guerre juste », une évangélisation forcée par la violence. D’ailleurs, les rares régions qui fuirent l’envahisseur Espagnol furent pillées sans vergogne. L’esclavage se développa avec une ampleur inédite dans tout le continent. Les esclaves étaient alors marqués avec des fers rouges, comme le bétail…

Quant à ceux qui ne se soumettaient pas, les sévices qu’on leur appliquaient étaient aussi imaginatifs qu’abominables… Plomb fondu versé dans les oreilles en cas d’espionnage, extraction des dents avec une pince en cas de morsure, torsion multiple de l’épaule en cas de coup porté aux nouveaux maîtres (jusqu’à sept tours effectués en fixant une branche d’arbre le long du bras, et en la faisant tourner comme une broche), fracture des malléoles en cas de fuite (pratiquée à l’aide d’une clenche en bois placée entre les chevilles de l’esclave, qu’on frappait ensuite avec une masse), mais également toute une gamme de tortures qui étaient en fait à l’étude sur les populations indigènes avant d’être appliquée par l’Église Catholique Espagnole dans le cadre de l’Inquisition. Certaines pratiques étaient mortelles…

Mais rassurez-vous, le Costa Rica est le seul pays à avoir échappé en très grande partie à ces sévices!

Le manque de richesses, l’éloignement de la capitale de la Capitainerie ainsi que le désintérêt de la Couronne ont permis au pays un développement bien plus autonome.

Ainsi, le 8 avril 1565, Juan Vázquez de Coronado devint par édit de la Couronne gouverneur royal et adelantado de la province du Costa Rica. Le deuxième titre devait lui assurer l’hérédité de sa gouvernance. Malheureusement, sur le chemin du retour vers l’Espagne, une tempête mettra fin à son épopée. Juan Vázquez de Coronado disparut en mer, alors qu’il était tout proche de la consécration. L’un des cantons de San José porte aujourd’hui son nom, en son honneur.

Statue de Juan Vázquez de Coronado à  San José

Statue de Juan Vázquez de Coronado à San José ©Raúl Marínez Zamora

Son successeur, et compagnon de route de Coronado, s’appelait Perafán de Rivera. Loin de vivre dans l’ombre de son illustre prédécesseur, de Rivera entreprend une série de chantiers gérée de main de maître grâce au système des « encomiendas ».

Ce protocole, purement latino-américain, est une répartition arbitraire de la main d’œuvre indigène sur des chantiers très éloignés les uns des autres. Ceci afin de tuer dans l’œuf tout projet de rébellion en faisant se côtoyer des peuplades diverses, et pas toujours amies entre elles.

Fondation de la ville d’Aranjuez, création du port de La Ribera, mais également importation des premiers bovins sur le territoire. En 1569, les encomiendas étaient établies, mais en toute illégalité…

En effet, seule la Couronne Espagnole a le pouvoir de décider d’une encomienda, et a la charge de la répartir en hommes et en matériel. De Rivera ne s’est pas contenté de contourner la loi; il l’a violée… Sans réaction de la part de l’Espagne, ce qui montre le désintérêt certain de la Couronne pour la gestion logistique de ses colonies.

Le territoire fut donc géré de façon anodine par les autorités Espagnoles. Là où l’exploitation minière demandait beaucoup de main d’œuvre dans les autres colonies, on importa des esclaves Africains en renfort. Pas au Costa Rica… Une simple économie dite « de subsistance » suffisait. Un peu comme les colonies originelles des futurs États-Unis d’Amérique. Ce qui explique encore aujourd’hui la faible proportion de gens de couleur dans le pays. Pour comparaison, près de 88 % de la population Cubaine actuelle est d’origine Africaine.

De la même façon, alors que de vastes révoltes indigènes se produisirent en territoire Mexicain, ou Guatémaltèque, le Costa Rica peu organisé ne vit aucun soulèvement notable de sa population, à l’exception du roi Garabito et de ses troupes huetares.

Pour résumer, si la date de 1522 a été retenue par l’histoire, c’est en fait en 1561 que la pays a été officiellement conquis. Le destin tragique de Juan Vázquez de Coronado a modifié beaucoup de choses. La gestion de De Rivera fut bien différente de ce qu’il avait prévu…

En 1543, la province prend le nom de Nuevo Cartago Y Costa Rica, avant de devenir officiellement Costa Rica en 1565.

L’arrivée d’ Alonso Anguciana de Gamboa  au poste de gouverneur intérimaire le 10 octobre 1573 va entamer la transition entre la période de conquête et le début de la colonisation.

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