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Histoire du Costa Rica : 1970 – 1990 Du Déclin à la Prospérité

1970 – 1990, durant ces 20 années, le Costa Rica va devoir faire face à des scandales financiers, des crises économiques et diplomatiques. Mais heureusement le pays pourra compter sur la bonne gestion de certains Présidents qui relanceront le Costa Rica sur de bonnes voies, dont l’un sera même désigné Prix Nobel de la Paix!

1. Le déclin de José Figueres Ferrer :
2. Daniel Oduber Quirós, le Président des Pauvres :
3. Rodrigo Carazo Odio, échecs diplomatique et économique :
4. Luis Alberto Monge Alvarez répare les dégâts :
5. Óscar Arias Sánchez, Prix Nobel de la Paix :

1. Le déclin de José Figueres Ferrer :

José Figueres Ferrer, de retour au pouvoir en 1970, est un personnage sur le déclin. Fort de l’aura qu’il a pu gagner dans le passé, il exerce un pouvoir terne, et sans ambition. Ce troisième mandat sera d’ailleurs marqué par deux scandales.

Le premier, découvert immédiatement, est celui lié à Robert Lee Vesco, un financier Américain en fuite en raison d’escroqueries multiples. Malgré les demandes répétées des USA pour obtenir son extradition, Vesco profita du soutien sans faille de Figueres Ferrer, dont il était devenu un ami proche.  Pourtant, Vesco était un escroc de la pire espèce… Il a escroqué à des centaines de personnes, et au fisc, des sommes telles qu’elles n’ont jamais pu être chiffrées. On sait par contre qu’il a escroqué à la société Suisse Investors Oversees Services 224 millions de dollars…

Afin de blanchir son argent, Vesco a investi dans des centaines de sociétés factices, qu’il avait lui-même créées. Le Costa Rica était sa terre de prédilection, puisque pas moins de 88 sociétés fantômes y avaient été fondées, dans le seul et unique but de cacher son argent. Et en 1972, il y trouve un refuge propice, puisqu’une loi créée spécialement pour lui par Figueres Ferrer empêche son extradition !

Le seul point positif de cette affaire est que la nationalité Costaricienne lui a été refusée par le tribunal suprême des élections, preuve que la démocratie était toujours présente. Et finalement, c’est sous la pression du prochain président Rodrigo Carazo Odio qu’il quittera le pays en 1978 suite à une tactique à la limite de la légalité… En clair, Vesco était parti en voyage aux Bahamas, en simple touriste. Mais Carazo Odio en a profité pour mettre fin à son titre de séjour, empêchant ainsi son retour sur le sol Costaricien. Bref, fin du scandale Vesco, mais pas grâce à Figueres Ferrer…

Le deuxième scandale, financier, a duré bien plus longtemps, puisque son dernier rebondissement date de 2008 !  Pour simplifier l’affaire, Figueres Ferrer a acheté en 1973 trois domaines, qu’il a mis au nom d’une association qu’il avait fondée. Le Président prétendit avoir créé ce mini empire pour l’Orchestre National. Mais l’un des investisseurs officiels du projet était un certain Robert Lee Vesco, ce qui présageait du pire… Par la suite, Figueres Ferrer affirma avoir consacré 60.000 dollars à ce projet, en toute transparence… Seulement quand son association fut dissoute en 1986, Ferrer ne remit pas ses propriétés à l’orchestre national, mais à une autre association qu’il avait créée pour l’occasion. Et au final, en 2008, c’est une autre association, gérée par sa fille Kirsten Ferrer, qui récupéra les trois domaines…

Bref, malversations et népotisme, corruption et fraudes fiscales, entachent cet ultime mandat. Preuve que même les plus intègres des hommes peuvent succomber aux charmes du pouvoir…

2. Daniel Oduber Quirós, le Président des Pauvres :

En 1974, son successeur est un homme politique bien connu du grand public, et pour l’anecdote ami proche de John Fitzgerald Kennedy, Daniel Oduber Quirós. En effet, lors des élections de 1966, c’est à 4.300 voix près qu’il a échoué à l’élection présidentielle. Il était donc logique qu’il finisse par obtenir la charge présidentielle.

Photo de Daniel Oduber Quiros

Daniel Oduber Quiros

Son administration sera très productive, à tel point qu’il est considéré comme le meilleur président du pays par beaucoup de Costariciens. On l’appelle d’ailleurs encore aujourd’hui, en raison de son implication dans le social, le président des pauvres. L’augmentation du niveau de vie des paysans était une priorité, et Oduber Quirós y parvint avec talent. Il développa la culture du riz, des haricots, ou encore du maïs, et ajusta les prix pour que les agriculteurs puissent en vivre. En quelque sorte, c’est lui qui a inventé le commerce équitable. La reforestation du pays fut également l’un de ses succès. Ainsi que le développement du commerce extérieur hors des limites du continent Américain.

Il promulgua trois lois majeures, toutes aussi efficaces. La première, la loi du consommateur, assura la stabilité des prix en privilégiant l’exportation. La seconde, dite de développement social et d’assignations familiales, permit d’augmenter le niveau de vie des classes inférieures en réduisant les prix des denrées alimentaires de bases, des frais de santé, des frais de garde d’enfants et de personnes âgées. La troisième, appelée attraits touristiques, établit les bases de ce que l’on appelle aujourd’hui l’éco tourisme.

De plus, il créa l’ Instituto Tecnológico de Costa Rica (ITCR, le MIT du pays), la Comisión Nacional de Préstamos para la Educación (CONAPE pour permettre l’accès aux grandes écoles aux classes les plus défavorisées), ainsi que le Sistema Nacional de Radio y Televisión (le réseau de télévision et de radio nationnaux) et l’Universidad Estatal a Distancia (équivalent du CNED, centre de formation à distance afin que l’éducation puisse parvenir à tous).

Son administration fut donc très efficace, et ce sur tous les plans. On peut également citer la construction du port de La Caldera, la création du musée historique Juan Santamaría, celle du Centro de Investigación y Perfeccionamiento para el Profesorado de Educación Técnica (CIPET, école supérieure pour la formation des maîtres), celle du musée de l’art Costaricien, ou encore celle du parc de La Sabana. Un président particulièrement dévoué et productif.

3. Rodrigo Carazo Odio, bilan mitigé :

En 1978 succèdera à Oduber Quirós l’un de ses adversaires de l’élection de 1974, Rodrigo Carazo Odio. De son nom complet Rodrigo Alberto Jesús de los Ángeles de la Misericordia Córdoba Carazo Odio (hé oui!), il avait malheureusement un penchant nationaliste qui aura des conséquences néfastes… Son gouvernement luttera notamment contre le régime du dictateur Somoza au Nicaragua. Une lutte armée à la frontière du pays qui se terminera finalement en 1979 avec la victoire des opposants à la dictature appelés « Sandinistas ».

En 1981, le pays rompit ses relations diplomatiques avec Cuba, en raison du régime communiste qui le dirigeait. Et paradoxalement, c’est pour la même raison que le Costa Rica rompit toute relation avec le Nicaragua en 1982 sous la pression des USA. Après avoir aidé à chasser la dictature, le Costa Rica de Carazo Odio avait en effet permis à un régime communiste de s’installer… Échec diplomatique international…

Par ailleurs, la crise économique mondiale de ce début des années 80 augmenta le prix du pétrole à son maximum, tout en diminuant grandement celui du café, principale richesse du pays.  En réaction, Carazo Odio eut la riche idée de chasser le Fonds Monétaire International du pays, et de faire des emprunts massifs auprès de la Banque Centrale du pays. Riche idée, qui eut pour conséquence une dévaluation soudaine du colón en septembre 1980… L’inflation au Costa Rica atteint alors des sommets inédits…. Échec économique national…

Pourtant, tout n’est pas sombre dans cette administration. Ainsi, en 1980, la fondation de l’Université pour la Paix (organisme humanitaire pour promouvoir la paix dans le monde, basé à Ciudad Colón dans la province de San José) est une réussite. Le développement de l’industrie pétrochimique ainsi que la régulation des autorisations de recherche d’or sont également un point positif de ce gouvernement. Enfin, l’inauguration de la centrale hydro-électrique du lac Arenal engagea le pays dans une révolution énergétique durable. Mais globalement, Carazo Odio fut un mauvais président…

4. Luis Alberto Monge Alvarez répare les dégâts :

En 1982 lui succède Luis Alberto Monge Alvarez , l’un des fondateurs du parti de libération nationale. La politique économique de Carazo Odio lui laisse un pays pauvre et endetté, avec en plus des relations diplomatiques désastreuses. Qu’à cela ne tienne ! Monge Alvarez parviendra à régler tous les problèmes, ou presque !

D’un point de vue international, il déclare la neutralité du Costa Rica par rapport aux conflits centro-américains. Il autorise les « contras » (les révolutionnaires du Nicaragua) à s’installer à la frontière, et laisse la CIA s’installer dans les bases militaires du pays. Ce qui fait, à nouveau, du Costa Rica la « suiza latina » (la Suisse Latine).

Concernant les problèmes économiques, une réduction draconienne des dépenses publiques, la suppression de taxes à l’exportation et à la production ainsi que l’obligation pour toute devise étrangère d’être échangé par la banque nationale ont permis des économies suffisantes pour réduire l’inflation et par conséquence le chômage.

Seul point « négatif », politique et revendicatif de son administration : il eut le culot de hisser le drapeau du pays sur le bâtiment de l’ambassade du Costa Rica en Israël. Difficile de comprendre le scandale, mais il se trouve que le conseil de sécurité des nations unies a interdit en 1980 toute activité diplomatique tant qu’Israël continuera à occuper Jérusalem. Mais en tant qu’ancien ambassadeur en Israël, Monge Alvarez avait gardé d’excellentes relations avec ce pays. Il définit son geste comme « l’exercice de la souveraineté ». Globalement, Monge Alvarez fut le président de la reconstruction après la crise économique.

5. Óscar Arias Sánchez, Prix Nobel de la Paix :

Le 8 mai 1986, c’est un avocat économiste et chef d’entreprise qui lui succède, Óscar Arias Sánchez. Resté célèbre pour son action internationale, il permit via une gestion diplomatique subtile à augmenter le PIB du pays de 5 % par an en moyenne, et à abaisser le taux de chômage à 3,4 %, le plus bas de tout le continent.

Photo Óscar Arias Sánchez

Óscar Arias Sánchez avec sa fille et le couple Obama en 2009

Son principal succès a été la réconciliation du Salvador, du Guatemala, du Honduras et du Nicaragua, malgré les tensions extrêmes qui les opposaient. Sans rentrer dans les détails, très complexes, de ce conflit, Arias a mis fin à l’autorisation de présence des Contras et a convaincu les différents pays de mettre fin aux hostilités (malgré plus de 100.000 morts au Guatemala…). Cet accord, connu comme accord de Esquipulas, ou plus officiellement Plan Arias para la paz, fut signé le 7 août 1987. Cela permettra à Arias de recevoir le prix nobel de la paix la même année.

Président progressiste, et économiste avisé, il permit une sortie de crise économique brillante, ainsi qu’une paix durable dans tout le continent. Il clôt ainsi une période de disette longue de près de 20 ans, et laisse un pays stable politiquement et économiquement.

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