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Les Peuples Indigènes du Costa Rica

L’origine historique des peuples du Costa Rica est particulière. Éloigné des grands empires précolombiens, le pays a subi des vagues d’immigrations de petite ampleur, ayant donné lieu à des communautés réduites comme nous avons pu le voir dans l’histoire précolombienne du Costa Rica.

De nos jours, seules 8 ethnies ont survécu au passage du temps. On estime leur population entre 35.000 et 40.000 personnes, mais ce chiffre est purement indicatif car aucun recensement précis n’a été réalisé. Il existe actuellement 24 réserves indigènes, occupant une surface d’environ 321.000 hectares et se trouvant principalement dans la partie sud du pays.

Voici une présentation des principales caractéristiques de chacune de ces tribus indigènes. Vous allez même pouvoir apprendre quelques mots dans la langue de ces peuples.

1. Le Peuple Borucas :
2. Le Peuple Bribri :
3. Le Peuple Cabecar :
4. Le Peuple Chorotega :
5. Le Peuple Guatuso ou Malekus :
6. Le Peuple Guaymie ou Ngabe :
7. Le Peuple Huetar :
8. Le Peuple Terrabas :

1. Le Peuple Borucas :

Situé dans la réserve Boruca y Curré, dans le canton de Buenos Aires, le peuple Boruca (appelé également Brunca), d’environ 2.000 personnes, a su conserver une culture à part.

En effet, les « Diablitos » (les petits diables), puisqu’on les appelle ainsi, ont un folklore qui les a rendu célèbres, notamment le jeu des petits diables.

Chaque année, entre le 30 décembre et le 1er janvier, les hommes se déguisent avec des masques en bois décoré qu’ils ont fabriqué dans l’année. Les femmes, qui ne participent pas à la cérémonie, se cantonnent à la fabrication des vêtements et des pigments destinés à décorer les costumes et les masques.

Photo de la fiesta des Diablitos, Borucas, Costa Rica

Fiesta de los Diablitos, indiens Borucas, Costa Rica ©priscilla.mora

Durant trois jours et trois nuits, les hommes ainsi déguisés vont danser afin de mimer une lutte acharnée contre l’envahisseur Espagnol, symbolisé par un taureau factice.

La fête se termine avec la crémation du taureau. A noter qu’autrefois, le taureau était bien vivant, et la cérémonie se terminait par le partage de la viande de l’animal. De nos jours, cette partie du rituel est devenue purement symbolique.

A noter qu’une cérémonie identique, à but uniquement touristique, est organisée la deuxième semaine du mois de février de chaque année. L’occasion de médiatiser la fête, mais également de vendre des produits artisanaux aux touristes, qui viennent en nombre à cette occasion.

Les Borucas, autrefois célèbres pour leur travail de l’or, dont on peut admirer des exemples au Musée de l’Or, à San José, conservent aujourd’hui un savoir faire unique dans la confection des masques en bois, ainsi que dans la confection de vêtements en coton et la fabrication de pigments naturels.

Ils vivent également de l’agriculture et de l’élevage du bétail.

Leur langue, aujourd’hui presque éteinte, n’est uniquement présente que dans certaines expressions courantes mélangées à l’Espagnol.

Exemple de mots en langue Boruca, les nombres :

un = éˇxe, éˇxi
deux = búˇc
trois = maṅ
quatre = bájcaṅ
cinq = shishcáṅ
six = téshan
sept = cúj, cújc
huit = éjtaṅ
neuf = cújtaṅ, éjcuj
dix = téjcuj, cróshtaṅ, búˇc cúj

2. Le Peuple Bribri :

Environ 11.000 personnes constituent l’ethnie Bribri, réparties entre les province de Puntarenas et de Limón au sein de 3 réserves (Cocles, Talamanca Bribrí, Salitre et Cabagra)

Ils cultivent le cacao, les haricots, la banane, les tubercules et le maïs. Ils chassent les oiseaux, et élèvent des porcs. Ils pratiquent également la pêche.

Photo travail du cacao par une femme du peuple Bribri du Costa Rica

Travail du cacao par une femme du peuple Bribri du Costa Rica ©manalahmadkhan

Leur artisanat se partage entre la vannerie (fabrication de paniers), le tissage et la fabrication d’instruments de musique.

Leur religion est unique, puisqu’il l’appellent eux-mêmes « bribri ». Basée sur le culte de Sibú (dieu suprême créateur de la Terre et de l’Homme), elle remet le pouvoir entre les mains des chamans (appelés awápa) et structure la société en diverses classes.

A noter que cette ethnie possède une culture exclusivement orale. Les chamans se transmettent de génération en génération les « suwoh » (les vents porteurs d’histoire) dans une langue cousine du cabecar, mais divisée en trois dialectes (le salitre-cabagra, le katsi-amubre et le coroma).

Voici quelques mots en dialecte Bribri :

skue = souris
pá = perroquet
kuë = tortue
talók = crocodile
étk = un
bötk = deux
mañàtk = trois
tkëtk = quatre
skètk = cinq
tèrrötk = six
kútk = sept
pàkötk = huit
sulìtutk = neuf
dabòmk = dix

3. Le Peuple Cabecar :

Ethnie parmi les plus nombreuses, située dans la province de Limón, elle compte environ 9.000 personnes. Pas moins de sept réserves composent leur habitat ( Nairí-Awari, Chirripó, Alto de Chirripó, Tayni, Telire, Talamanca Cabécar et Ujarrás).

Photo intérieur habitation du peuple Cabecar du Costa Rica

Intérieur d’une habitation du peuple Cabecar du Costa Rica ©eesteban9

Les Cabecares vivent de la culture du café, de la banane, et du cacao. Ils pratiquent en plus la chasse (aux oiseaux, principalement) et possèdent un artisanat traditionnel qu’ils conservent de génération en génération (fabrication de sacs et de hamacs, colorants végétaux).

A noter qu’ils ont une religion particulière, qui mêle le catholicisme aux traditions chamaniques ancestrales.

Ils conservent leur langue typique, en plus de l’Espagnol, malgré une complexité qui la rend difficile à écrire avec notre alphabet latin (et encore plus à prononcer).

Voici quelques exemples de mots en langue Cabecar :

jesús te ma kime = dieu te bénisse (jésus te garde)
säkéklä = dieu
jää = ok
bäi = bon
jóo = oui

Et pour les plus curieux d’entre vous, un extrait de la Bible. Jean, chapitre 3, verset 16 :

Säkekläwa kajiskawa shkal bäi s i. Jenek i ka ite iyaba eklabä patkate kajiska, yite ijebä biketsa jewa bena ka weikanachakläwa kuna, ata jewa senaklä jekjeye.

« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. »

4. Le Peuple Chorotega :

Originaires de la région du Chiapas au Mexique, les Chorotegas ont colonisé plusieurs zones autour du IXème siècle, notamment le Honduras, le Nicaragua, et le Costa Rica.

Comptant aujourd’hui environ 850 personnes, la communauté présente dans la réserve indigène de Matambu, dans le golfe de Nicoya, a été assimilée au reste de la population, à tel point que leur langue a aujourd’hui disparu. Ils parlent donc tous l’espagnol.

Ils vivent de l’agriculture (maïs, manioc, courge, coton et tabac), de la chasse, de la pêche, et de l’élevage d’abeilles.

Leur artisanat est basé sur la poterie (céramiques, figurines en terre cuite).

5. Le Peuple Guatuso :

Peuple parmi les plus anciens du pays, les Guatusos (qui ont donné leur nom à un canton d’Alajuela), appelés aussi Malekus, sont également une des minorités indigènes parmi les moins nombreuses. D’après les estimations, entre 500 et 600 personnes la composent de nos jours. Ils sont regroupés dans une réserve portant leur nom (Guatusos) située à une trentaine de kilomètres du volcan Arenal, et ne possèdent plus que trois villages (El Sol, Margarita et Tonjibe).

Le taux de chômage est malheureusement très élevé dans cette communauté (de l’ordre de 40 %).

Ils vivent principalement de l’agriculture (cacao, palmier), de la pêche et de la chasse (à la tortue, au jaguar et à l’iguane). A noter que la chair d’iguane est très coriace, et réputée pour avoir un goût très amer. Sachez également qu’ils considèrent un mauvais résultat de la chasse à la tortue comme annonciateur des faibles récoltes à venir, mais aussi des catastrophes qui les attendent.

Leur artisanat est constitué de statuettes indigènes, de radeaux, de masques peints, d’arcs et de flèches en bois.

Photo femme du peuple Malekus fabriquant de l'artisanat au Costa Rica

Artisanat du peuple Guatusos-Malekus ©Josoroma

Ils dorment dans des hamacs, et conservent certaines coutumes qui leur sont propres. Ainsi, ils enterrent leurs morts à l’intérieur de leurs huttes fabriquées en feuilles de palmiers. Les maisons traditionnelles disparaissent cependant de plus en plus pour être construites en ciment.

A la pleine lune, les hommes se regroupent pour une cérémonie faite de chants et de danses. Ils prient alors leur Dieu de leur accorder la prospérité.

Ils boivent de la chiccha, un alcool de maïs très fort, et ont deux danses traditionnelles, le napuratengeo et le nakikonarájari. Ils jouent du tambour, de la flûte et des maracas.

Bien qu’ils aient conservé leur langue (signifiant la langue de notre peuple), ils parlent tous Espagnol de nos jours. Pourtant, la langue Maleku est loin d’être une langue morte, puisqu’elle est également parlée dans des régions reculées du Nicaragua.

Exemple de mots en langue Maleku :

un = dooka
deux = pángi
trois = poóse
quatre = pakái
cinq = otíni
homme = ochápaká
femme = kuríjurí
soleil = toji
lune = tlijii
eau = tii
terre = laká
pierre = oktara
arbre = koora
maison = uu

6. Le Peuple Guaymie :

Appelé également Ngabe, le peuple Guaymie est le plus nombreux de toutes les peuplades indigènes du Costa Rica.

Originiaires du Panama, leur ethnie est composé de 200.000 personnes, dont environ 12.300 au Costa Rica. Leur nombre est difficile a estimé car c’est un peuple nomade. Ils parlent le Ngabere (nom de leur langue) et l’Espagnol. Ils vivent dans 4 immenses réserves dans la province de Puntarenas (Coto Brus, Abrojo Montezuma, Osa, Conte Burica).

Les Guaymies vivent de l’agriculture (maïs, riz, haricots, bananes vertes, café) et de l’élevage (vaches, porcs, poulets).

L’artisanat est très important. En témoignent leurs costumes traditionnels très colorés. Les femmes fabriquent également des sacs à main en fibres végétales, des bracelets, des perles et des colliers, tandis que les hommes se consacrent à la création de chapeaux « panama ».

Exemple de mots en Ngabere :

un = ti
deux = bu
trois = mai
quatre = boko
cinq = rigua
homme = nitocua
femme = meri
chien = nu
soleil = ninguane
lune = so
eau = chi, ña

7. Le Peuple Huetar :

A l’origine fier peuple guerrier, dont le chef historique, le roi Garabito, a marqué l’histoire, les Huetares sont aujourd’hui un peuple disparu. Non pas qu’il ne reste plus de descendants de Huetares en vie, mais ils ont perdu tout ce qui faisait leur particularité.

Le métissage a fait disparaître leurs caractéristiques physiques. Ils ne parlent que l’Espagnol et vivent dans les réserves Quitirrisí et Zapatón, dans la province de San José, au cœur du reste de la population.

Ils ont simplement conservé un savoir faire certain pour la fabrication de colorants végétaux qu’ils utilisent pour teindre les vêtements qu’ils fabriquent à base de fibres de palmier. Ils pratiquent également l’art de la céramique.

Le seul lien avec leur passé est la fête du maïs, qu’ils pratiquent encore pour rendre hommage à des dieux malheureusement oubliés.

8. Le Peuple Terrabas :

Ethnie si peu nombreuse qu’elle n’est plus aujourd’hui recensée, elle survit dans la réserve de Boruca- Terraba, dans le canton de Buenos Aires, province de Puntarenas.

Ils ne possèdent plus de caractéristiques particulières, et ne parlent que l’espagnol. Ils vivent de la culture du maïs, des agrumes, du riz, des haricots et de la banane.

*****

La survie des peuples indigènes du Costa Rica est uniquement due à l’éloignement relatif des réserves au sein desquelles ils sont regroupés.

Carte des réserves indigènes du Costa Rica

Carte des réserves indigènes du Costa Rica ©Smilodon

Il faut savoir que le gouvernement n’a pas de budget pour ces communautés, et les laisse donc vivre leur vie sans intervenir.

Les touristes, tout comme les observateurs étrangers, s’insurgent contre le dénuement dans lequel sont laissées ces populations. Il est vrai qu’elles ont rarement accès à l’eau potable, ou à l’électricité, et que les routes pour les rejoindre sont pour ainsi dire inexistantes.

Mais cela a pourtant un aspect positif, bien involontaire.

Privés des bienfaits du progrès technologique, les peuples indigènes du Costa Rica ont du survivre par leurs propres moyens. Ils ont donc préservé leur culture contrairement à de nombreux autres peuples d’Amérique.

Forts de leurs savoirs-faire uniques, d’une agriculture bien organisée et d’un artisanat très prisé des touristes, ils parviennent tant bien que mal à faire survivre leurs traditions.

Pourtant, certaines communautés sont en grand danger (comme les Terrabas, ou les Guatusos). De plus en plus d’indigènes se tournent vers les grandes villes, et quittent leurs réserves, au risque de voir disparaître ce qui fait leur particularité.

Si vous voulez un dépaysement total, n’hésitez pas à rendre visite à ces populations oubliées. Non seulement vous y découvrirez un artisanat authentique, et unique, mais vous serez en plus reçu chaleureusement par ces indigènes du bout du monde qui ne demandent qu’à survivre.

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